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David Hallyday, citoyen monégasque et exilé fiscal à Londres

Johnny Hallyday, David Hallyday, Tony Scotti et Sylvie Vartan en 1987

Johnny Hallyday, David Hallyday, Tony Scotti et Sylvie Vartan en 1987 - AFP George Bendrihem

La nationalité monégasque, obtenue grâce à son mariage avec une riche héritière de la Principauté, permettra aux enfants de David Hallyday de payer moins d'impôts lorsqu'ils hériteront de leur père.

"Johnny était plus français qu'américain!", martèlent depuis janvier les avocats de ses enfants Laura et David, afin de récupérer une part d'héritage.

Ironie de l'histoire: David Hallyday brandit cet argument alors que lui-même entretient des liens distendus avec son pays d'origine, comme le révèle notre enquête. D'abord, il habite à Londres, et est devenu résident fiscal britannique. Il profite donc de la fiscalité de la Grande-Bretagne. Et il ne paye plus au fisc français que des impôts sur ses revenus d'origine française.

Mais ce n'est pas tout. David a aussi pris la nationalité monégasque. Il l'a récemment obtenue suite à son mariage en 2004 avec une citoyenne monégasque, Alexandra Pastor. En effet, la loi de la Principauté permet d’acquérir la nationalité monégasque après dix années de mariage. Toutefois, David a conservé sa nationalité française. Il est donc devenu binational, statut lui permettant de détenir à la fois un passeport français et un passeport monégasque.

Intérêt fiscal

Le fils de Johnny Hallyday peut ainsi profiter de la fiscalité avantageuse de Monaco, qui permet à ses citoyens de transmettre leur patrimoine à leurs enfants sans payer d'impôt... "David Hallyday, en tant que national monégasque et français, paye en France des droits de transmission pour ses enfants sur ses biens de source française. Mais les biens situés en Principauté de Monaco, ainsi que les sociétés civiles immobilières monégasques détenant des biens immobiliers en France, ne sont soumis à aucun impôt de succession ni en France ni à Monaco", explique Léa Lacour, avocate au barreau de Nice.

En revanche, acquérir la nationalité monégasque ne change rien pour la succession entre époux (non imposée en France comme à Monaco) ni pour la succession des biens situés en France (imposés en France).

Fortune estimée à 30 milliards d'euros

Rappelons que David a trois enfants: un fils issu de son mariage avec Alexandra Pastor, et deux filles issues de son premier mariage avec Estelle Lefébure.

On ignore s'il possède des biens à Monaco. Son seul actif monégasque connu, la société de production, Monaco Film Ventures SARL, créée il y a dix ans, a été liquidée en 2010. En revanche, son épouse, Alexandra Pastor a hérité en 2014 d’une des plus grandes fortunes de la principauté, estimée à 30 milliards d’euros. Si elle venait à disparaître, David est susceptible d'hériter de très importants biens immobiliers dans la principauté (à noter que le couple s'est marié sous le régime de la séparation des biens).

Rapports tumultueux avec le fisc

Plus jeune, David Hallyday avait déjà trouvé le moyen d'échapper en partie aux lourds impôts français. Entre 2002 et 2005, il s'est expatrié en Suisse, profitant des avantages fiscaux offerts aux riches résidents étrangers. Pour cela, il avait pris un pied-à-terre à Cologny, riche village situé aux portes de Genève. Il est ensuite redevenu résident français. 

Cette volonté s'explique peut être par ses rapports tumultueux avec le fisc français. Il y a une dizaine d’années, il a écopé d’un redressement fiscal de 2 millions de francs (300.000 euros). Selon Closer, c’est son père Johnny qui se serait acquitté de cette ardoise. Mais cela a été démenti par l’avocate de David, Carine Piccio, qui a déclaré que l’ardoise avait été réglée par le beau-père de David, Tony Scotti.

Contactés, les avocats de David Hallyday Carine Piccio et Pierre-Jean Douvier nous ont répondu:

"Actuellement, David et sa famille sont résidents britanniques. Son fils Cameron est scolarisé en Grande-Bretagne. Il est résident fiscal du Royaume-Uni. Il est donc imposable en France, en vertu de la convention fiscale franco-britannique, sur ses revenus de source française. 
David et sa famille ont aussi acquis une résidence secondaire au Portugal, qui est un lieu de villégiature.
David Hallyday est bi-national. Il a acquis la nationalité monégasque de par son mariage en septembre 2016. Et il a conservé la nationalité française.
S’agissant de la convention fiscale franco-monégasque en matière de droits des successions, les Monégasques, les Français, et les bi-nationaux franco-monégasques établis à Monaco depuis cinq ans sont traités de la même manière. Pour les biens imposables exclusivement à Monaco, les enfants ne sont pas passibles de droits de succession à Monaco".

A noter que BFM TV diffuse ce lundi 11 juin à 20h50 une enquête sur l'affaire Hallyday intitulé "Johnny/Laeticia: à la vie à la mort". 

Les sociétés de David Hallyday

Monaco Film Ventures SARL
Siège: Monaco
Création: 2008
Liquidation: 2010

Mystery Palace Productions SARL
Siège: Paris
Création: 2013
Actionnaires: Michael Dupret (50,1%) et David Hallyday (49,9%) jusqu'en 2014; David Hallyday (100%) depuis 2014
Gérant: David Hallyday
Chiffre d'affaires: 255.570 euros (2014)
Résultat net: +81.283 euros (2014)

DHCV Productions SARL
Siège: Paris
Création: 2009
Dissolution: 2012
Actionnaires: Cyril Viguier (50%), David Hallyday (50%)
Gérant: Thibaud Sarrazin-Boespflug
Chiffre d'affaires: 180.750 euros (2010-11)
Résultat net: -27.839 euros (2010-11)

Quand David utilisait les liens de Johnny avec Nicolas Sarkozy

Johnny et David entretenaient des rapports distants, mais cela n’empêchait pas le fils de faire jouer les relations de son père. Johnny ayant soutenu Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, David a ensuite demandé au nouveau président de la République que France Télévisions commande des émissions à DHCV, la société de production qu'il avait créée avec l’animateur Cyril Viguier. C’est en tous cas ce qu’affirme Patrice Duhamel, ancien directeur général de France Télévisions, dans son livre Cartes sur table (Plon):

"Il y a les protégés de Nicolas Sarkozy. L'exemple le plus notoire est celui de David Hallyday. C'était devenu un point de friction récurrent. Je pense que le cas Hallyday a participé à l'aggravation de mes relations personnelles avec le président de la République, ce dernier considérant que cela ne devrait pas être très difficile de lui confier une émission. Alors que nous estimions que ce n'était pas obligatoirement une bonne idée. Sarkozy m'en a parlé pour la première fois le 1er mai 2008. Le téléphone a sonné, et Sarkozy m'a demandé: 'j'aimerais que tu reçoives David Hallyday au plus vite. Il a un très bon projet'. J'ai reçu David Hallyday et Cyril Viguier. Mais leur projet ne nous emballait pas, et nous n'avons pas donné suite. Devant notre refus poli mais ferme d'obtempérer, tout cela s'est envenimé dans les mois qui ont suivi. Et le sujet, qui revenait régulièrement sur le tapis, est devenu proprement lancinant".

Finalement, en 2010, Nicolas Sarkozy nomme un nouveau président pour les chaînes publiques, Rémy Pflimlin, qui octroiera une émission au duo Hallyday-Viguier. Toutefois, cette émission ne sera pas produite par DHCV, mais par une société appartenant au seul Cyril Viguier. David Hallyday se contentera de fournir la musique du générique… Faute d’audience, l’émission sera arrêtée au bout de dix numéros.

Jamal Henni