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Deezer "ne peut pas se cantonner à un pré carré" français face à Spotify et Apple 

Invité dans l'émission Good Morning Business, le directeur général de Deezer France a tenu à revenir sur les freins auxquels les licornes tricolores sont aujourd'hui confrontées pour se développer et sur les leviers qu'elles activent pour les contourner.

Deezer, qui fait partie désormais du Next40, a beau incarner la réussite française dans le domaine du streaming musical, il n'en demeure pas moins que – comme d'autres licornes tricolores – contrer les mastodontes que sont les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) et se développer à l'international constituent un parcours semé d'embûches.

Pour le directeur général de Deezer France, Alexis de Gemini, se donner les moyens d'investir pour se développer au-delà des frontières hexagonales est une absolue nécessité. Quitte à ce que Deezer perde son statut d'entreprise française...

"Il est certain que nous avons fait des levées de fonds depuis 2007 et qu'à un moment, au regard des montants, on a dû aller chercher de l'argent à l'étranger. Mais ce n'est pas pour autant que cela fait de nous une boîte étrangère", assure Alexis de Gemini, invité ce jeudi dans l'émission Good Morning Business sur BFM Business. 

"Ce qui compte, c'est l'ADN de l'entreprise"

"Peu importe finalement d'où viennent les financements, ce qui compte c'est l'ADN de l'entreprise, ses dirigeants et là la nationalité française de Deezer ne fait pas de doutes. (…) Après on est dans un monde global où – j'ai envie de vous dire - ce n'est pas très important d'être français. (…) Aujourd'hui, ce qui est important, c'est d'être européen en étant français. Mais on ne peut pas juste se cantonner à un pré carré hexagonal pour des raisons simplement économiques. On a besoin de marchés (…) plus grands. (…) C'est là où l'Europe a un rôle à jouer. C'est de nous aider à créer un environnement où on se complique un peu moins la vie" entre les pays.

En outre, de l'avis du patron de Deezer France, les licornes françaises à l'instar de BlaBlaCar, de Doctolib ou encore d'OVH ne disposaient pas jusqu'à présent d'un "écosystème suffisant" pour se développer comme elles le souhaitent. Sur le volet musical, la firme tricolore doit, par ailleurs, composer avec une concurrence d'envergure comme Apple Music, Spotify ou Amazon Prime Music qui, en plus de s'appuyer sur une énorme base de clients, a accès à des financements internationaux auxquels Deezer France ne peut prétendre. D'où la nécessite selon Alexis de Gemini de faire en sorte d'"utiliser les mêmes armes qu'eux".

Deezer dans le top 4 mondial

Mais avec un marché intérieur français de 66 millions de personnes (contre 300 ou 400 millions d'individus issus des classes moyennes en Chine par exemple), le défi s'avère d'autant plus difficile à relever pour les acteurs tricolores, admet le directeur général de Deezer France, dont la firme s'inscrit cependant dans le top 4 des acteurs mondiaux du streaming.

En outre, malgré son statut de précurseur (elle a vu le jour en 2007) et d'entreprise tricolore en mesure de tenir tête aux leaders mondiaux, Deezer ne s'est, en fin de compte, jamais révélée rentable. Une question de choix, assure Alexis de Gemini. "On est rentable quand on le décide dans une entreprise comme la nôtre. Si demain, on décidait de réduire drastiquement nos dépenses marketing, l'entreprise serait rentable d'une manière tout à fait raisonnable".

Reste enfin que face à la concurrence mondiale avec laquelle la licorne française doit composer, Deezer est contraint de grandir et de se démarquer. "On n'a pas les moyens de ne pas investir aujourd'hui, quitte à se faire marginaliser et ne plus avoir de taille critique. (…) Pour développer une présence significative dans un monde aussi vaste, on a besoin de beaucoup d'argent. (…) Indépendamment de nos pertes, la valeur elle-même de l'outil industriel est très importante", conclut le patron de Deezer, qui évalue la valorisation de Deezer à "1,4 milliard d'euros".

JCH