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Délais de paiement: la situation s'améliore mais le secteur public toujours pointé du doigt

Info BFM Business - La tendance est à la baisse dans les retards de paiement, aussi bien du côté des PME que des grands comptes, selon le dernier baromètre du cabinet ARC.

Aujourd’hui en France, une entreprise ferme toutes les 33 minutes du fait de problèmes de trésorerie, notamment alimentés par l'allongement des délais de paiements de clients, selon le rapport 2018 de l'Observatoire des délais de paiement. Mais la situation semble s'améliorer selon la 9e édition du baromètre du cabinet ARC (juristes d'affaires) réalisée par l'Ifop (500 entreprises de 50 salariés et plus interrogées) et que BFM Business vous dévoile ce mardi. Ainsi, entre 2018 et 2019, le retard de paiement moyen est passé de 11,5 jours à 10,9 jours dans les PME et de 10,1 jours à 8,9 jours pour les grands comptes. 

Dans le détail, il est de 12,3 jours entre PME (contre 12,6 jours en 2018), de 5,7 jours entre une PME et une grande entreprise (contre 7,4 jours), de 9,2 jours entre une grande entreprise et une PME (contre 10,3 jours) et de 7,9 jours entre grandes entreprises (contre 9,4 jours il y a un an).

Par ailleurs, au-delà ces moyennes, si les longs délais de paiement sont en diminution, les "petits" retards sont repartis à la hausse. "En 2019, le retard moyen diminue", confirme le baromètre. Mais "alors qu’en 2018 les retards de plus de 30 jours augmentaient, cette année ceux-ci diminuent de façon importante et ce sont les retards de 1 à 10 jours qui repartent à la hausse. Cela peut notamment s’expliquer par une pratique du name & shame plus systématique et la publication des premières amendes dont le plafond est aujourd’hui de 2 millions d’euros", commente Denis Le Bossé, président du Cabinet ARC.

Les grandes entreprises et le secteur public pointés du doigt

De ce point de vue, 58% des dirigeants "pensent que les grandes entreprises respectent moins bien les délais de paiement que les PME. Dans les faits, le rapport de force se joue à tous les niveaux et les PME entre elles opèrent des délais plus importants que ceux pratiqués vis-à-vis des grandes entreprises", analyse le baromètre.

En août dernier, une amende de 1,8 million d’euros a été infligée par Bercy au groupe EDF, accusé de n’avoir pas respecté les règles relatives aux délais de paiement de ses fournisseurs. Cette sanction rendue publique est la plus élevée décidée à ce jour.

Le secteur public est globalement pointé du doigt puisque les délais de 1 à 10 jours, qui avaient diminué en 2018, repartent à la hausse, tandis que les longs retards de plus de 30 jours restent relativement stables. Pour 66% des entreprises, le délai de paiement du secteur public n’a pas changé et 18% déclarent que celui-ci s’est détérioré (contre 8% en 2018). Une situation qui pousse les PME à refuser de répondre aux appels d’offre émis par le secteur public par crainte de ne pas être payées ou de subir des délais de paiement trop longs.

Crédit bancaire, affacturage et prêts inter-entreprises comme solutions

Afin de faire face à ces délais, les moyens mis en place par les entreprises restent classiques. 58% des entreprises estiment que le prêt bancaire est le plus efficace mais 44% pensent que les banques n'accordent pas suffisamment de crédits.

L'affacturage classique est considéré à 27% comme le plus efficace mais 82% des sondés jugent cette pratique trop coûteuse. 69% des entreprises considèrent que l’affacturage inversé collaboratif dans le secteur public, prévu dans la loi Pacte, restera inefficace sur les délais de paiement dans les marchés publics car coûteux pour le fournisseur et complexe à mettre en place.

Quant au prêt inter-entreprises, elles sont 75% à juger qu'il risque d'engendrer une relation de dépendance. 4% seulement des dirigeants interrogés l'estiment efficace.

Des critères à prendre en compte par les agences de notation

Pour les entreprises interrogées, il faut aller plus loin. 87% des entreprises pensent ainsi qu’il faut que les pratiques en matière de délais de paiement soient prises en compte comme critère pour déterminer l'évaluation d’une entreprise par les agences de notation. 75% jugent que les délais de paiement clients/fournisseurs doivent devenir une donnée obligatoire du rapport RSE.

Et 65% pensent qu’il est possible de réduire les délais de paiement en publiant les noms des entreprises sanctionnées pour retard de paiement, sur les bases d’informations légales.

Reste que cette tendance à l'amélioration devrait se poursuivre. En effet, deux nouvelles mentions légales à porter sur les factures sont entrées en vigueur au 1er octobre dernier. Pour 57% des entreprises interrogées, elles devraient réduire les litiges et ainsi diminuer les retards de paiement. Par ailleurs, 66% des dirigeants jugent que la dématérialisation des factures entre entreprises du secteur privé aura également un effet positif sur la réduction des délais de paiement.

Olivier Chicheportiche