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Délits d'initiés d'EADS: Lagardère et Daimler renvoyés en correctionnelle

Comme Daimler, Lagardère avait vendu 7,5% d'EADS quelques mois avant que le groupe chute de 26% en Bourse.

Comme Daimler, Lagardère avait vendu 7,5% d'EADS quelques mois avant que le groupe chute de 26% en Bourse. - -

La justice a décidé, ce lundi 2 décembre, de renvoyer au pénal les deux entreprises dans le cadre d'une affaire de délits d'initiés portant sur la vente d'actions EADS en 2006.

L'affaire des délits d'initiés d'EADS est relancée. Selon l'AFP, qui cite ce 2 décembre une source judiciaire, le groupe de médias français Lagardère et l'entreprise allemande Daimler ont été renvoyés en correctionnelle.

A côté des deux entreprises, plusieurs anciens cadres vont comparaître, dont l'ex-coprésident du groupe Noël Forgeard et l'actuel directeur commercial d'Airbus, John Leahy. Ils risquent jusqu’à deux ans d'emprisonnement et des amendes allant jusqu'à 10 fois les profits réalisés. EADS a fait savoir qu'elle réaffirmait son soutien à ces dirigeants.

Une chute profitable

Lagardère et Daimler sont soupçonnés de délit d'initié, c’est-à-dire d'avoir profité d'informations privilégiées pour passer des ordres boursiers, ce que la loi proscrit.

Explication: le 13 juin 2006, l'avionneur EADS, dont Daimler et Lagardère sont ou ont été actionnaires, annonce des retards sur le programme concernant son long-courrier, l'A380. Le lendemain, le titre EADS plonge de plus de 26%. Or, les deux sociétés avaient auparavant annoncé avoir chacune vendu pour 7,5% du capital d'EADS à des actionnaires institutionnels.

En conséquence, la justice soupçonne les deux groupes d'avoir été mis au courant des difficultés de l'A380 et d'avoir voulu vendre leurs parts avant que les informations soient rendues publiques, profitant ainsi de la dégringolade du cours de l'action.

L'AMF avait abandonné les poursuites

Des petits actionnaires d'EADS ont porté plainte. La justice a donc mis en examen plusieurs dirigeants du groupe. En novembre 2009, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre "X" pour délit d'initié. En janvier 2011, Lagardère et Daimler sont également mis en examen.

Le 14 février dernier, le parquet a, dans ses réquisitions, demandé le renvoi en correctionnelles de deux personnes morales et des sept ex-dirigeants d'entreprise. Le juge d'instruction a donc décidé de suivre les réquisitions du procureur.

Dans une procédure indépendante, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a, elle, décidé de fermer le dossier, en 2009 sans prononcer de sanctions à l'égard des dirigeants du groupe ou des sociétés concernées.

Julien Marion avec AFP