BFM Business
Conso

Sanofi reconnaît que l'industrie du médicament est allée "trop loin" dans la délocalisation

Olivier Bogillot, président de Sanofi France, indique que ce sont surtout les principes actifs des médicaments les plus anciens, comme le paracétamol ou l'ibuprofène, qui ne sont plus fabriqués en Europe.

Faut-il relocaliser la fabrication des principes actifs des médicaments en Europe, alors que l'épidémie en Chine laissait craindre, en février dernier, des pénuries de paracétamol en Europe? Sanofi y réfléchit. "Sanofi a 18 usines en France, 40 en Europe et la plupart de ses principes actifs sont en Europe, sont produits et créés en Europe" explique son président Olivier Bogillot, sur le plateau de BFM Business ce mercredi.

En réalité, ce sont les principes actifs des plus anciens médicaments, comme le paracétamol ou l'ibuprofène, qui ne sont plus fabriqués en Europe mais principalement en Chine.

"Il y a effectivement eu, au cours des 15 dernières années, une partie de la production des principes actifs qui s'est délocalisée, notamment en Asie. On constate, à travers cette crise que, probablement, le balancier est allé un peu trop loin" reconnait le patron du premier fabricant européen de médicaments.

Rentable? 

"Les nouveaux médicaments qui arrivent sont issus de la bio-production" (c'est-à-dire issus d'une source biologique comme une cellule et non par de la chimie de synthèse, ndlr) poursuit-il. "Les médicaments plus anciens, qui sont issus de la chimie pharmaceutique sont ceux qui ont été délocalisés. Si on veut, aujourd'hui, continuer à investir dans la bio-production et continuer à investir dans la chimie pharmaceutique, il nous a semblé, il y a quelques semaines, qu'il était utile vraisemblablement de créer une structure indépendante (…) pour pouvoir attirer d'autres investisseurs pour continuer à investir sur la chimie pharmaceutique. Cet écosystème, il existe en Europe."

Sanofi a donc annoncé, au début de la crise du coronavirus, son souhait de "créer un géant de la pharmacie chimique pour pouvoir (…) maintenir sur le territoire européen la plupart de nos principes actifs puis surtout agréger autour de nous d'autres partenaires pour éventuellement à terme relocaliser une partie de ces principes actifs." En clair, s'unir pour tenter de rendre plus rentable la fabrication des principes actifs les plus vendus en Europe.

Thomas Leroy