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Gaz de schiste: "En France, on ne peut pas acheter les gens", selon Delphine Batho

Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, et Laurence Parisot, la présidente du Medef, étaient les invitées de BFMTV-RMC, mercredi 5 juin.

Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, et Laurence Parisot, la présidente du Medef, étaient les invitées de BFMTV-RMC, mercredi 5 juin. - -

La ministre de l'Ecologie et la présidente du Medef étaient les invitées exceptionnelles de BFMTV-RMC, mercredi 5 juin. Le gaz de schiste, ses conséquences économiques et environnementales, étaient au coeur d'un débat animé entre les deux femmes.

En période de crise économique, peut-on se passer d'éventuelles ressources dormant sous le sol français?

La question agite la classe politique, et divise jusqu'au sein même du gouvernement. Un rapport parlementaire, paru en janvier dernier, a une nouvelle fois insisté sur la nécessité d'entreprendre des recherches sur la possibilité d'exploiter le gaz de schiste.

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, préfèrerait que ces recherches soient menées par une société publique. Au contraire de Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, qui a réaffirmé en février qu'il n'y avait "pas d'argent à mettre dans la recherche du gaz de schiste".

Cette dernière était invitée à débattre avec Laurence Parisot, la présidente du Medef, mercredi 5 juin sur BFMTV-RMC.

Le gaz de schiste "pourrait tout changer à la situation économique de la France"

La dirigeante, partisane d'une ressource qui pourrait garantir l'indépendance énergétique de la France, a tout d'abord fustigé la loi de juin 2011, qui était "une loi électoraliste", en vue de "préparer la campagne présidentielle de 2012.

"Il faut permettre la recherche, être en mesure d'évaluer nos ressources, connaître les caractéristiques des gisements, leur compétitivité également", a-t-elle poursuivi,insistant sur le fait que "nous somme le seul pays qui a interdit la recherche".

Selon elle, le gaz de schiste "pourrait tout changer à la situation économique du pays".

L'exemple des Etats-Unis en question

L'exemple des Etats-Unis, qui ont considérablement réduit leur dépendance énergétique, est naturellement venu animer le débat. Si Laurence Parisot soutient qu'"aucune catastrophe écologique" n'est à déplorer, ce n'est pas le cas de la ministre de l'Ecologie.

"Il ya a eu des séismes de plus de cinq sur l'échelle de Richter", a-t-elle affirmé. "Il y a 200.000 forages, 5.000 trajets en camion par forage, 3 milliards de mètres cube d'eau polluée, qui est ensuite stockée en plein air ou en sous-sol. Il y a des remontées de métaux lourds, etc."

Autre différence notable: "Aux Etats-Unis, le propriétaire du sol est le propriétaire du sous-sol. En France, on ne peut pas acheter les gens", puisque l'Etat est propriétaire du sous-sol français.

De la même façon que certains pays pratiquent le dumping social (...) les Etats-Unis pratiquent le dumping environnemental", a insité Delphine batho.

Delphine Batho veut "un new deal écologique"

"Vous donnez le sentiment que l'on peut faire fonctionner notre économie seulement grâce à l'air et au soleil", a ironisé la patronne des patrons.

Il faut savoir "si on veut vraiment baisser les coûts de production dans ce pays, le réindustrialiser, a lancé Laurence Parisot. Prenant l'exemple du gaz de Lacq, "largement à l'origine des 30 Glorieuses": "Quand on a commencé à se poser des questions sur son exploitation, les Américains eux-mêmes nous ont dit que c'était trop toxique."

Pour la ministre,par contre, l'accent doit être mis sur "la croissance verte", dont la France occupe "le quatrième rang mondial". Il faut donc, selon elle, "un new deal écologique. Il faut y aller à fond".

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Y. D.