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Des avions zéro carbone dès 2035: "ce n'est pas gagné" juge Safran

Invité de BFM Business, Philippe Petitcolin, directeur général de l'équipementier, revient sur le plan de soutien pour la filière aéronautique annoncé par le gouvernement.

Dans le plan d'aide à 15 milliards d'euros pour la filière aéronautique présenté ce mercredi par le gouvernement, la transition écologique tient une place de choix. L'idée: avancer vers des avions émettant moins de gaz à effet de serre. Via un plan spécifique de soutien à l'innovation, le gouvernement souhaite qu'un avion "vert" zéro carbone soit mis en service dès 2035, un objectif ambitieux selon Philippe Petitcolin, directeur général du motoriste Safran.

"C'est un objectif. Nous travaillons déjà aujourd'hui et nous allons continuer avec les aides du gouvernement à travailler sur la prochaine génération de moteur qui devrait consommer de l'ordre de 20% de moins que le nouveau moteur que nous avons aujourd'hui pour Boeing et pour Airbus. Comment propulser ce moteur, avec quel type de carburant? (...) Ca c'est le travail qui va être mené dans les 5/7 ans qui viennent. Il faut savoir une chose, c'est que l'hydrogène liquide qu'on devra utiliser, il se conserve à -253 degrés. Donc ce n'est pas si facile que ça", estime le responsable.

"2035, c'est bientôt"

Et d'asséner: "pour nous, ce n'est pas gagné. C'est un objectif très ambitieux. On va travailler bien sûr à essayer de le rendre réaliste et réel mais il y a énormément de contraintes et énormément de points à régler pour pouvoir obtenir ce résultat de 2035 avec un moteur à hydrogène".

Si Safran valide l'objectif de transition écologique pour la filière mis en avant par le gouvernement, le groupe s'interroge sur le calendrier. "Le point est de savoir à quelle échéance on saura tenir cet objectif. (...) Nous avions dit pour 2050 on sera prêt, on sait faire. 2035 c'est bientôt. Donc il y a beaucoup plus de contraintes et beaucoup plus de sujets à régler dans un temps qui est beaucoup plus concentré".

Les investissements pour y parvenir seront très importants. Or, Safran a déjà prévu de couper de 30% ses budgets de R&D. Malgré le soutien financier de l'Etat, l'équipementier pourra-t-il investir suffisamment? "Nous avions comme objectif de dépenser 600 millions d'euros et nous sommes aujourd'hui plus proches de 400 millions de par les circonstances. Le plan proposé par le gouvernement (...) devrait nous aider énormément pour pouvoir malgré tout ou malgré nos baisses internes tenir les objectifs que nous nous sommes fixés", estime Philippe Petitcolin.

"J'estime que si le gouvernement tient ses objectifs de 300 millions sur 2020, 600 millions sur 2021 et 600 millions en 2022 pour l'ensemble de la filière, nous avons de quoi tenir nos objectifs", ajoute-t-il.

Olivier Chicheportiche