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Des façades d'immeubles aux gilets pare-balles: Bernardaud veut rajeunir la porcelaine de Limoges

Spécialiste des arts de la table, le groupe a lancé sa diversification depuis plusieurs années. Avec des utilisations de la porcelaine parfois très surprenantes.

Arrêter les balles avec de la porcelaine de Limoges? C'est le pari du groupe Bernardaud, qui fabrique cette céramique en Haute-Vienne depuis plus de 150 ans. "Notre cœur de métier, c'est les arts de la table, la décoration de la maison" explique Michel Bernardaud, président du directoire, qui était invité sur le plateau de Good Morning Business vendredi sur BFM business. "Mais on s'est étendu vers la bijouterie (…) vers la protection balistique et puis également les façades, les luminaires."

Le gilet pare-balles "Made in Limoges" est en développement depuis plusieurs années dans les usines du groupe. "La porcelaine est très dure, très résistante, contrairement à ce qu'on peut penser" précise Michel Bernardaud. "C'est très résistant à l'impact, c'est très résistant également à la chaleur puisque c'est cuit à 1.400 degrés." En réalité, ce n'est pas la même porcelaine que celle de la table. On lui adjoint d'autres matériaux (la formule reste secrète) pour renforcer la céramique, qui s'avère un bon compromis entre poids et solidité.

La mode des luminaires en porcelaine

Et le gilet pare-balles n'est qu'une seule des branches investies par la vénérable institution Bernardaud. Bientôt, la marque de luxe Dolce & Gabbana présentera la nouvelle façade de sa boutique de l'avenue Montaigne avec des "tubes de porcelaine fabriqués chez Bernardaud" s'enorgueillit l'héritier limousin.

Les luminaires en porcelaine sont aussi un nouvel axe très tendance même si l'entreprise se garde bien de dévoiler ses chiffres, dans un marché international très concurrentiel (70% de la production est exportée à l'étranger).

Et même dans le bitume...

"On essaye de développer la porcelaine, qui est une céramique, dans toutes les composantes dans lesquelles elle peut avoir une utilité" résume son patron. Si les fameuses assiettes n'ont déjà plus grand-chose à voir avec celles accrochées aux murs par nos grands-parents, la porcelaine s'ouvre aussi au monde du cosmétique où ses propriétés et sa durabilité sont de plus en plus prisées. Depuis 2016, le fabricant de luxe Sothys vend (pour près de 400 euros) sa très précieuse "Crème 128", dans son écrin de porcelaine de Limoges. Plus inattendu, la porcelaine a aussi un avenir dans le revêtement des routes où les éclats, mélangés au bitume, permettent d'éclaircir la chaussée.

De quoi donner un nouveau souffle à un secteur qui se retrouvait fragilisée, il y a moins de 10 ans. Bernardaud va mieux et sera même à l'honneur du "Choose France", un sommet organisé à l'Elysée ce week-end puis à Versailles lundi pour faire "rayonner l'attractivité économique de la France".

Thomas Leroy