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Des Youtubeurs bientôt mis à l'amende pour mélange des genres?

La DGCCRF n’a pas communiqué de noms mais révèle l'existence de contrats "publicitaires" dont les montants vont de 20.000 à 100.000 euros.

La DGCCRF n’a pas communiqué de noms mais révèle l'existence de contrats "publicitaires" dont les montants vont de 20.000 à 100.000 euros. - Gabriel Bouys - AFP

"La répression des fraudes a mené une enquête sur les relations entre les marques et des Youtubeurs qui accepteraient discrètement de gros chèques pour présenter des produits dans leurs sketchs. De lourdes sanctions financières pourraient tomber avant l’été."

Les Youtubeurs sont l’objet de toutes les attentions et le service de vidéo paye de bons prix pour qu’ils diffusent leurs vidéos en avant-première sur la plateforme. Mais les sommes à six chiffres déjà conséquentes que leur verse YouTube ne sont que la partie émergée de leurs revenus.

En décembre, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a lancé une enquête sur des sommes très conséquentes versées cette fois par des marques. Et pour cette autorité, ces sommes ne sont rien d’autre que de la publicité dissimulée. La conséquence pourrait être brutale puisque, comme l’indique Le Monde, les stars de YouTube vont bientôt devoir corriger ce business model.

Selon le rapport des enquêteurs, ces méthodes comparables à "de faux avis de consommateurs" sont de fait "une pratique commerciale trompeuse" puisque la "relation commerciale n’est pas explicitement citée." Ces conclusions s’appuient à la fois sur le code de la consommation (article L.121-1) et sur la loi de confiance dans l’économie numérique (article 20).

Les agences de RP jouaient les intermédiaires

La DGCCRF n’a pas communiqué les noms de ceux par qui le scandale est arrivé, ni ceux des Youtubeurs, ni ceux des annonceurs. Elle révèle, en revanche, l’existence de contrats en bonne et due forme dont les montants vont, selon la popularité de l’artiste, de 20.000 à 100.000 euros. Selon Le Monde, un constructeur de voitures serait impliqué (voir encadré ci-dessus) et que les agences de relations presse ont servi d’intermédiaires. Chaque élément de cette chaîne publicitaire risque une sanction qui pourrait être annoncée d’ici l’été.

Les Youtubeurs impliqués dans ces opérations pourraient devoir reverser la totalité du montant de leur "cachet". Les agences de relations presse qui auraient ajouté dans les contrats une clause de confidentialité sur la nature de la relation pourraient avoir à payer la moitié du montant de la campagne de promotion qui pourrait atteindre plusieurs millions d’euros. De quoi dissuader de renouveler les campagnes publicitaires.

En attendant de connaître le montant de la sanction, les Youtubeurs s’insurgent d’être suspectés de tromper le public. "Les internautes se doutent bien que l'annonceur a versé de l'argent, le soulignent dans les commentaires, et de toute façon, ils préfèrent largement un modèle gratuit financé par la publicité à un modèle payant". Un argument que la DGCCRF n’a pas souhaité prendre en compte.

Plusieurs constructeurs automobiles dans le viseur de la DGCCRF

Contrairement aux informations publiées dans Le Monde, l’enquête qui vise les dix youtubeurs n’est pas en lien avec une marque automobile. Mais les constructeurs ne sont pas pour autant épargnés par les recherches de la répression des fraudes. Au-delà du cas des dix youtubeurs, la DGCCRF mène en effet une grande enquête qui vise les pratiques de publicité dissimulée sur les réseaux sociaux en général et dans plusieurs secteurs, dont l’automobile.

Plusieurs marques seraient ainsi dans le viseur de la direction, marques premium et généralistes. Les contrevenants risquent jusqu’à 300.000 euros d’amende. "La marque qui a initié ce dispositif de communication peut aussi être intégré à la procédure, souligne la DGCCRF. Professionnels et digital influencers sont co-responsables".

Pauline Ducamp et Pascal Samama