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SNCF: Edouard Philippe "ouvert" à la reprise d'une partie de la dette

"Je suis ouvert à la discussion mais pas n'importe comment", a déclaré le Premier ministre.

"Je suis ouvert à la discussion mais pas n'importe comment", a déclaré le Premier ministre. - Michel Euler / POOL / AFP

Le Premier ministre a en revanche posé comme préalable que des "contreparties extrêmement claires" soient définies.

Edouard Philippe est "ouvert" à une reprise d'une partie de la lourde dette de la SNCF, mais avec comme préalable des "contreparties" qui soient "extrêmement claires", a réaffirmé le Premier ministre jeudi matin sur France Inter.

"Je suis ouvert à la discussion mais pas n'importe comment, pas à n'importe quel rythme, et en contrepartie d'engagements extrêmement clairs, extrêmement fermes, et qui transforment le fonctionnement opérationnel de l'entreprise", a déclaré le chef du gouvernement.

Une discussion qui est en cours

"Cette question, elle est devant nous", a-t-il dit en évoquant la réunion prévue jeudi au ministère des Transports avec direction et syndicats, au lendemain des deux premiers jours de grève à la SNCF contre la réforme ferroviaire de l'exécutif Macron.

"Je ne veux pas prendre un engagement alors même qu'à ce stade, rien n'a changé dans le fonctionnement de la SNCF (...) Je ne veux pas dire aux Français qu'(ils) vont payer cette dette et la reprendre alors qu'ils n'ont aucun élément leur permettant de penser qu'à l'avenir, on ne va pas tomber dans 3 milliards (d'euros) de déficit" supplémentaire chaque année, a justifié le Premier ministre.

Quand l'exécutif pourra-t-il donner sa position sur la dette? C'est "trop tôt pour le dire (...) c'est une discussion qui est en cours", a-t-il affirmé.

La charge de la dette avoisine le milliard d'euros

Mercredi, le rapporteur de la réforme Jean-Baptiste Djebarri (LREM) avait indiqué que le sort de la dette ferroviaire, qui a ressurgi lors des premiers débats en commission à l'Assemblée nationale, sera évoqué "dans les jours qui viennent", lorsque sera connu le nouveau statut juridique de la SNCF.

Le gestionnaire des infrastructures ferroviaires françaises, rebaptisé SNCF Réseau en 2015, a accumulé 47 milliards d'euros de dette. Une somme à laquelle il convient d'ajouter huit milliards d'endettement de SNCF Mobilités, entité du groupe public chargée de la circulation des trains.

La charge de la dette, c'est-à-dire son remboursement et les intérêts annuels, avoisine un milliard d'euros par an. Ce passif financier, d'un niveau colossal, "menace d'engloutir le système", avait fait valoir Edouard Philippe en lançant la réforme ferroviaire, qui prévoit notamment la fin du recrutement au statut des cheminots.

"Je ne redoute pas" de retournement de l'opinion

Alors que l’opinion publique était plutôt défavorable à cette mobilisation il y a deux semaines, elle semble désormais plus partagée. Selon un sondage Elabe pour BFMTV: 44% des sondés approuvent ainsi l’action des grévistes, soit une hausse de 6 points. Et ils ne sont plus que 41% à y être opposés, alors qu’ils étaient encore 49% il y a deux semaines.

L'opinion est-elle en train de se retourner contre le gouvernement? "Je ne redoute pas ce genre de retournement, je sais que les perceptions des mouvements sociaux peuvent fluctuer", a déclaré le Premier ministre.

"Moi ce qui m'intéresse, c'est pas tellement de commenter et de regarder l'opinion, (...) c'est plutôt le cap, et ce qui m'intéresse, c'est d'essayer de faire en sorte que nous trouvions une solution pour garantir un fonctionnement efficace, de qualité de la SNCF et de l'ensemble du monde ferroviaire dans les années qui viennent".

J.-C.C. avec AFP