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Transports

SNCF: Édouard Philippe abat ses cartes, les syndicats ne voient pas de raison d'arrêter la grève

Le Premier ministre a annoncé aux syndicats que l'État allait reprendre la dette de la compagnie à hauteur de 35 milliards d'euros, d'ici à 2022.

Comme attendu, l'État va reprendre partiellement la dette de la SNCF, à hauteur de 35 milliards d'euros (sur 47 milliards). Édouard Philippe l'a confirmé auprès de l'Unsa, premier syndicat reçu ce vendredi à Matignon. Dans le détail, 25 milliards seront repris en 2020, et 10 milliards en 2022, a indiqué le Premier ministre.

Ce dernier a également annoncé une hausse des investissements de l'État dans le ferroviaire de 200 millions d'euros par an, portant son effort annuel à "3,8 milliards", selon Luc Bérille, secrétaire général du syndicat.

L'Unsa se décidera "très rapidement" sur une éventuelle sortie de grève

Pour l'instant, l'Unsa s'inscrit toujours dans le mouvement de grève mais décidera "très rapidement" d'un éventuel changement de position.

"Le dossier avance", il y a "désormais un dialogue" mais les avancées "obtenues par la négociation" ne sont "pas encore complètes du point de vue de l'Unsa" et "la phase qui s'ouvre (au Sénat, ndlr) va être décisive", a souligné Luc Bérille.

Plus tard dans la journée, le syndicat a arrêté un "plan d'action" et a décidé de "s'interroger" sur la poursuite ou non de la grève à la SNCF après le vote du projet de loi au Sénat, a indiqué le syndicat à l'AFP.

"Une évaluation sera faite à la sortie du texte du Sénat pour s'interroger sur le niveau d'intégration de nos demandes et sur les suites à donner au conflit", a expliqué Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire. D'ici là, "l'Unsa maintient la pression".

La CGT "continue" la grève

Autre ton du côté de la CGT, qui a annoncé qu'elle poursuivrait la grève, exigeant une table ronde "pour fixer les engagements du gouvernement". "La mobilisation des cheminots est plus que jamais nécessaire", a ainsi déclaré Laurent Brun.

Le chef du gouvernement "doit engager les négociations que nous réclamons depuis plus de deux mois" et "d'ici là, pas question de suspendre le mouvement de grève", a-t-il ajouté.

"Pas de nature" à suspendre la grève, pour Sud-Rail

"Ce n’est pas un rendez-vous aujourd’hui qui sera de nature à faire cesser la grève", a dit Erik Meyer, le porte-parole de Sud-Rail. "Cette reprise de dette n’est pas un cadeau fait à la SNCF ou un cadeau fait aux cheminots" mais le strict minimum pour assurer la viabilité de la future SNCF, a-t-il ajouté.

Quant aux questions sociales, "on n'a guère plus d’avancées ou de garanties qu’il y a 15 jours".

"Toutes les raisons de la grève sont encore là", pour FO

"Tous les sujets sur lesquels les cheminots se sont mis en grève sont toujours d'actualité", "toutes les revendications", "toutes les raisons de la grève sont encore là", a jugé le secrétaire général de FO Cheminots, François Grasa, à la sortie d'un entretien à Matignon. "On laissera les cheminots se déterminer" lors des assemblées générales, a-t-il ajouté.

Concernant la reprise de 35 milliards d'euros de la dette de la SNCF, François Grasa a souligné que ce "n'est pas une dette des cheminots et des usagers", c'est "une dette d'aménagement du territoire" qui "doit être reprise intégralement par l'État". Et "je ne connais pas un seul cheminot aujourd'hui qui fasse grève par rapport à la dette", a-t-il poursuivi, jugeant "pas acceptable" le projet de réforme ferroviaire.

"Concrètement, on n'est pas soulagés et si certains sont sortis soulagés, ce n'est pas du tout, du tout, notre cas", a déclaré Nathalie Homand, secrétaire confédérale de FO, en faisant référence à l'Unsa ferroviaire.

La grève "continue avec le calendrier fixé", pour la CFDT

La grève à la SNCF contre le projet de loi de réforme ferroviaire "continue avec le calendrier fixé" car "nous avons besoin de la mobilisation pour aller jusqu'au bout" du processus parlementaire, a déclaré vendredi à Matignon le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

"Il y a une CMP (commission mixte paritaire, ndlr) annoncée mi-juin. Jusqu'à cette CMP, la mobilisation continue pour nous. On continue de jouer notre rôle d'organisation syndicale qui se mobilise et qui propose", a dit Laurent Berger, à la sortie d'un entretien avec le Premier ministre Édouard Philippe. "Nous allons continuer de peser", a-t-il ajouté, disant avoir "pris note positivement" des annonces sur la reprise de la dette de la SNCF et sur les investissements supplémentaires.

Y.D. et J.-C.C. avec AFP