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Deutsche Bank : marchés et analystes sceptiques

Deutsche Bank va supprimer un cinquième de ses effectifs.

Deutsche Bank va supprimer un cinquième de ses effectifs. - Daniel ROLAND / AFP

Moody's maintient sa perspective négative estimant qu'il faudra des années à la banque pour retrouver de la rentabilité, tandis qu'à la Bourse, l'action est dans le rouge.

Dans une situation critique, Deutsche Bank a dévoilé dimanche le plus grand plan de restructuration de son histoire. L’ancien fleuron de la finance allemande, dans une manœuvre « de la dernière chance », s’apprête à supprimer un cinquième de ses effectifs (18.000 postes) et à se séparer de son activité de banque d’investissement. Des annonces qui, si elles bénéficient d’un accueil favorable, ne rassurent pas encore tout à fait l’agence de notation américaine Moody’s, qui confirme la « perspective négative » assortie à sa note.

Le plan de restructuration est « un pas positif vers la réalisation un modèle d'activité plus équilibré et durable », juge l’agence d’évaluation financière, qui estime « qu’accélérer la transformation de la banque et réduire les activités à risque plus élevé qui se sont montrées constamment incapable de générer des rentabilités acceptables, sera positif pour le crédit », si cela est réalisé avec succès.

Des taux bas pénalisants

Mais pour le spécialiste, « la perspective négative reflète les défis significatifs que Deutsche Bank devra affronter pour exécuter rapidement sa restructuration », évoquant notamment une « concurrence féroce ».

Dans le viseur de la banque allemande : réduire ses coûts de 6 milliards d’euros et retrouver la rentabilité. Pour cela, le groupe envisage de supprimer 18.000 postes équivalents temps plein d’ici 2022, après avoir déjà rayé 6.000 postes l’an dernier, pour revenir à 74.000 personnes, et va cesser pratiquement toute activité, pour son activité de banque d’investissement, dans le négoce d'actions. Le groupe a également annoncé la création d'une structure de défaisance – une « bad bank » – pour nettoyer ses comptes en y logeant 74 milliards d'actifs jugés risqués.

« Plusieurs trimestres, voire des années »

« La réduction des effectifs devra être menée dans une période de taux d’intérêt toujours extrêmement bas, préjudiciable à la rentabilité de sa filiale bancaire en Allemagne ainsi qu’à ses activités de gestion d’actifs et de fortune. Il faudra donc plusieurs trimestres, voire des années, pour parvenir à une situation de rentabilité meilleure, plus équilibrée et durable », prévient Moody’s. D’autant que l’agence américaine n’exclut pas de revoir la note à la baisse en l’absence « de progrès tangibles dans la réalisation de ses nouvelles étapes stratégiques ».

Ce lundi, les investisseurs ne sont pas tendres non plus avec la banque. Si son action a pris plus de 3% à l'annonce de cette restructuration sanglante, elle perdait 5,3% à la clôture.

Durement éprouvée par la crise financière de 2008, Deutsche Bank ne s’en jamais réellement remise. Le groupe bancaire allemand, qui a voulu par le passé rivaliser avec les géants de Wall Street, a été plombé par toute une série de litiges et scandales financiers, et s’est fait dépasser par la concurrence anglo-saxonne dans son activité de banque d’investissement. Sa capitalisation boursière a été divisée par quatre en quatre ans : il ne vaut qu’un peu moins de 15 milliards d'euros aujourd’hui.

La rédaction