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Comment Apple a créé deux millions d’emplois en Europe en 10 ans

Selon une étude, le business des applis représente deux millions d'emplois en Europe et la France est le 3ème pays à profiter de cette activité

Selon une étude, le business des applis représente deux millions d'emplois en Europe et la France est le 3ème pays à profiter de cette activité - Josh Edelson - AFP

Selon une étude américaine, le marché des applis d'Apple et de Google ferait travailler deux millions de personnes en Europe et la France est le 3ème pays à profiter de ce business.

Le business des applis mobiles d'Apple et Google rapporte aux développeurs européens. En plus leur avoir rapporté 20 milliards de dollars en dix ans, date de la création de l'AppStore d'Apple, il fait désormais travailler plus de deux millions de personnes dans l'Union européenne. C'est ce que vient de dévoiler un rapport américain qui sonne comme une réponse aux accusations de la France et de l'Europe.

En mars dernier, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, annonçait que l'Etat allait assigner devant le tribunal de commerce de Paris Apple et Google pour "pratiques commerciales abusives". Selon le ministre, la sanction pourrait s'élever à plusieurs millions d'euros. "Aussi puissants soient-ils, [ils] n'ont pas à traiter nos start-up et nos développeurs de la manière dont ils le font", lançait même le ministre sur RTL. Dans le même temps, par la voix de Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, l’Europe dévoilait son plan pour imposer aux Gafa une taxe de 3% sur le chiffre d'affaires réalisé dans l’Union.

AppleStore: 1,576 million d'emplois en Europe

Tim Cook, PDG d’Apple, a très mal pris ces promesses. En 2017, il était déjà venu en France pour rencontrer des développeurs et rappeler comment Apple a participé à leur succès en leur versant un milliard de dollars.

Début juin, lors de la conférence développeurs WWDC il a rappelé que depuis la création de l’AppStore en 2008, son entreprise avait versé 20 milliards de dollars (environ 17 milliards d’euros) aux développeurs européens sur un montant mondial de 100 milliards de dollars.

La nouvelle réplique concerne l’emploi et s’appuie sur le rapport "The App Economy in Europe: Leading Countries and Cities" réalisé par Michael Mandel, un économiste américain du Progressive Policy Institute de Washington. Cette étude, qu'Apple a révélé dans un communiqué, montre que ce secteur fait désormais travailler 2,5 millions d’Européens qui développent des applis sur les OS mobiles d’Apple (iOS) et de Google (Android). L’écosystème d’Apple ferait travailler 1,576 million de professionnels européens et 1,666 million pour celui de Google. Bien sûr, ces chiffres ne sont pas cumulables puisque la majorité des développeurs travaillent pour les deux environnements.

La France est en troisième place avec 314.000 emplois

Dans cette économie, la France est en troisième place avec 314.000 emplois derrière la Grande-Bretagne (353.000) et l’Allemagne (327.000). Toutefois, tous les pays de l’Union Européenne sont concernés. En dernières places, la Grèce et le Luxembourg qui affiche respectivement 8000 et 3000 emplois dans ce secteur d’activité.

Si l’étude provient d’un cabinet privé, les données sont fournies par l'Organisation internationale du travail (OIT). La méthodologie repose sur l’analyse des offres d’emplois mises en ligne demandant des spécifiquement des compétences dans l’économie des applis mobiles. En janvier 2017, l’étude avait établi la création de 1,89 million d’emploi en Europe. En avril 2018, le nombre de personnes travaillant dans le développement d’applis aurait donc progressé de 8.3%.

En mars, l’attaque de Bruno Le Maire portait, non pas sur l’efficacité du secteur des apps, mais sur le modèle économique créé par Apple et Google. "Lorsque des développeurs veulent développer leur application, la vendre à Google ou à Apple, ils se voient imposer des tarifs. Google et Apple récupèrent les données, Google et Apple peuvent modifier unilatéralement les contrats avec les développeurs, tout ça est inacceptable ce n'est pas l'économie que nous souhaitons", expliquait le ministre.

Les développeurs dénoncent un "climat anxiogène"

Mais pour Tim Cook, c’est le prix à payer pour pouvoir entrer dans le magasin d’Apple. En mars dernier, lors d’un voyage en France pour rencontrer les développeurs, Apple signalait que l’entreprise avait versé un milliard de dollars aux Français et se disait "fier d'avoir de solides relations" avec eux. Le dirigeant expliquait que de petites entreprises pouvaient atteindre des clients dans 155 pays "en quelques clics". En 2017, le marché français des applis aurait atteint un chiffre d’affaires de 655 millions d’euros contre 460 en 2016, selon un rapport du cabinet App Annie.

Et si le ministre de l’économie s’élève contre la méthode, Apple est soutenu par les développeurs français qui veulent "avoir leur mot à dire". Dans un communiqué, l'ACT, l'association qui les rassemble, a alerté dès mars que ces attaques contre Apple et Google, pourraient "créer un climat anxiogène qui risque à terme de rejaillir négativement sur le lien de confiance mutuelle et les interactions positives entre les développeurs d’applications et les plateformes mobiles".

L’argument ne semble pas avoir été entendu ni par la France ni par l’Europe dont projet de taxation des Gafa ne fait pas l’unanimité parmi les pays membres. L’étude sur l’emploi pourrait désormais devenir un argument supplémentaire qui plaide en faveur d’Apple et de Google.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco