BFM Business
Services

Devenez un élu corrompu: le jeu sur mobile qui plaît aux Espagnols

L'ex-sénateur et ancien trésorier du parti populaire actuellement au pouvoir, Luis Barcenas, accusé de fraude et de blanchiment d'argent, est sorti de prison en janvier 2015 et attend son procès.

L'ex-sénateur et ancien trésorier du parti populaire actuellement au pouvoir, Luis Barcenas, accusé de fraude et de blanchiment d'argent, est sorti de prison en janvier 2015 et attend son procès. - Pierre-Philippe Marcou-AFP

Quelle est la meilleure tactique pour s'enrichir en fraudant ou détournant de l'argent public en tant qu'élu local ? Déjà plus de 100.000 téléchargements pour ce jeu, inspiré de la riche actualité ibérique en matière de corruption politique.

De la corruption en politique érigée au rang... d'un jeu pour smartphone. "Vous aimez être maire et le pouvoir. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez: vol, fraude, escroquerie, corruption, chantage, enfreindre les lois" promettent les créateurs espagnols du jeu de simulation intitulé en anglais "Corrupt mayor" ou dans sa version ibérique "Alcade corrupto" (littéralement, "Le maire corrompu").

Le jeu, gratuit sur les smartphones et tablettes d'Apple et les mobiles Android, avait déjà atteint les 100.000 téléchargements courant juillet 2015.

Le succès du jeu vient sans doute du fait qu'il pousse très loin la simulation de la logique de l'élu corrompu s'enrichissant à des fins personnelles.

Il s'agit, au fil du jeu, de détourner des fonds publics, de construire des infrastructures publiques dispendieuses pour le contribuable et inutiles, tel un aéroport au milieu de nulle part.

En progressant dans le jeu, il vous faudra aussi acheter des votes, verser des pots-de-vin aux juges ou aux inspecteurs des impôts trop curieux, cacher vos liasses de billets en cas de perquisition de la police et répondre avec la meilleure langue de bois aux questions trop précises des journalistes. 

-
- © -

In fine, le but du jeu consiste à amasser un petit pactole dans une banque suisse.

L'éditeur de ce jeu, MeigaLabs, une petite société originaire de Galice dans le nord-ouest de la péninsule ibérique, prétend s'inspirer de l'actualité espagnole riche en matière de corruption impliquant les partis politiques, et même jusqu'à la famille royale espagnole

"L'humour et le sarcasme aident à supporter ce genre de nouvelles. Si on prend tout cela trop au sérieux, on finit vite par en être malade" expliquent les trois ingénieurs informaticiens dans un entretien au journal espagnol, El Diario.

Ils déclarent s'être directement inspirés de faits réels, pour élaborer les différents scénarios "de corruption" présentés au joueur.

"Toutes les actions, à l'exception de deux ou trois, sont fondées sur des faits. Dans le jeu, vous pouvez passer des contrats pour la construction d'aéroports vides, inaugurer des ronds-points inutiles, privatiser à tout-va des hôpitaux, détourner des cartes bancaires à votre profit, etc..." expliquent-ils très sérieusement.

Frédéric Bergé