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Didier Casas : « Le secteur des télécoms n’a pas un problème de croissance mais de fiscalité »

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Invité de l’Heure H, le patron de la Fédération française des télécoms s’insurge à nouveau contre la faible imposition des GAFA « qui captent la valeur » et les taxes spécifiques appliquées aux opérateurs.

L’équation complexe est connue : les opérateurs télécoms doivent consentir à des investissements colossaux pour équiper les territoires de fibre optique et de 4G mais sont confrontés dans le même temps à une concurrence acharnée qui provoque une baisse continue des prix.

Invité de l’Heure H sur BFM Business, Didier Casas, président de la FFT, la Fédération française des télécoms qui réunit tous les acteurs du secteur sauf Free (et également directeur général adjoint de Bouygues Telecom), est le premier à dénoncer la situation.

« Les opérateurs ont investi 9,6 milliards d’euros en 2017 (+8% sur un an), ils investissent comme jamais et comme personne. C’est l’équivalent de 5 centrales nucléaires ou encore de 20 Stades de France. Nous sommes les premiers investisseurs privés en France » énumère le responsable. « Mais depuis 2010, le niveau de prix a perdu 40%, on a les tarifs les plus bas des pays développés ».

Or, les investissements risquent encore de flamber dans les prochaines années avec le plan New Deal Mobile voulu par le gouvernement (couverture des zones blanches et grises en 4G), la poursuite de la couverture fibre optique avant 2022 et l’achat de fréquences pour la 5G.

Si Didier Casas omet de préciser que cette guerre des prix est uniquement le fait des opérateurs et de leur guerre promotionnelle sans fin, il espère que certains leviers rétabliront quelque peu la situation. La généralisation de la fibre optique, l’accent sur les contenus, l’arrivée de la 5G peuvent être des supports de hausses de prix des abonnements. « Nous verrons bien », se contente de répondre Didier Casas qui préfère concentrer ses attaques contre les GAFA et les taxes.

« Bouygues Telecom ne boycottera pas Huawei »

« Le secteur des télécoms n’a pas un problème de croissance, il a un problème de fiscalité », se désole le président. La taxation des géants du Net qui paieraient 21 fois moins d’impôts sur les sociétés que les opérateurs « est une bonne nouvelle mais dieu que la route est longue ». Et d’avertir : « l’objectif du gouvernement, c’est un début ».

Didier Casas attaque également les taxes spécifiques appliquées sur les revenus des opérateurs « sous le motif fallacieux qu’ils ont les poches pleines », notamment pour financier le cinéma et France Télévisions. Des taxes qui rapportent 1,2 milliard d’euros par an à l’Etat. « Notre rôle n’est pas de commenter l’affectation des impôts, nous disons juste qu’un euro de prélevé, c’est un euro de moins dans les réseaux, dans l’aménagement du territoire ».

Le responsable a enfin commenté l’affaire Huawei, équipementier télécoms chinois boycotté par de plus en plus de pays suite à des accusation d’espionnage par les autorités américaines. Répondant au nom de Bouygues Telecom, il indique : « nous ne boycotterons pas Huawei mais nous sommes à l’écoute du gouvernement. Nous tenons à une concurrence réelle dans ce secteur, pour apporter la meilleure technologie au client ».

Manière de dire que Huawei a toute sa place sur le marché face aux européens Ericsson et Nokia. D’autant plus que l’équipementier est historiquement moins cher que ses concurrents et dans une période de revenus stables, c’est un argument qui compte…

Olivier CHICHEPORTICHE