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Transports

Dieselgate: un million de véhicules concernés chez Daimler?

Les enquêteurs du KBA, l’autorité compétente en matière automobile, auraient détecté cinq systèmes de déconnexion du système pollution, selon le journal Bild am Sonntag.

Les soupçons s’accumulent autour de Daimler. Selon des révélations du journal allemand Bild am Sonntag, repris par l'agence Reuters, cinq logiciels truqueurs auraient été détectés par les enquêteurs du KBA (Kraffahrt-Bundesamt, l’autorité régulatrice des transports et de l’automobile en Allemagne) dans des moteurs de la maison-mère de Mercedes et Smart.

Daimler s’est refusé à tout commentaire, affirmant coopérer pleinement avec les autorités. Le groupe allemand fait cependant l’objet de questions sur sa gestion des émissions de ses moteurs depuis le début du mois de juin.

Un million de véhicules équipés de logiciels truqueurs

Suite au scandale Volkswagen, qui a éclaté en septembre 2015, le KBA enquête sur toute l’industrie automobile allemande, dont le Groupe Daimler. Alors que le constructeur nie depuis 2015 toute utilisation de logiciel afin de contourner les normes environnementales (ce qu’a reconnu le groupe Volkswagen), les autorités soupçonnent Daimler d’utiliser aussi des "logiciels truqueurs".

Le 1er juin, le magazine Der Spiegel révélait que le ministre allemand des Transports Andreas Scheuer avait menacé d’infliger 5000 euros d’amende par voiture à Daimler, pour l’utilisation de ces fameux logiciels truqueurs. Au total, l’amende représenterait plusieurs milliards d’euros. "Nous allons lancer un échange approfondi sur ces sujets techniques complexes, avec le but d'identifier le nombre de véhicules concernés", avait alors déclaré Andreas Scheuer, après une rencontre avec le PDG de Daimler, Dieter Zetsche.

Ce week-end, Bild Am Sonntag croit de son côté savoir qu’un million de véhicules serait concerné par ces logiciels, notamment les plus récents, dotés de moteur Euro 6. Ces moteurs auraient un comportement étrange, dégradant le fonctionnement de leurs systèmes de dépollution à des moments bien précis, comme le détaille Manager Magazin. Au total, un million de voitures seraient concernées. 

Usage abusif des "defeat devices"

Dans une certaine mesure, la réglementation européenne autorise l’utilisation par les constructeurs de "defeat devices", des logiciels qui peuvent couper ou réduire le fonctionnement des systèmes de dépollution. Mais ils ne doivent être utilisés qu’en cas de danger pour le moteur. Les autorités allemandes soupçonnent les constructeurs d’utiliser ces logiciels bien plus largement, quand les moteurs ne sont pas en condition de cycles de procédures d’homologation, cycles qu’ils connaissent bien car ils n’ont pas évolué depuis des années. Ils seront modifiés en septembre, avec l’introduction des normes d’homologation WLTP, qui prévoient notamment des tests en conditions réelles de conduite pour homologuer un véhicule.

Ces révélations tombent également la veille d’une nouvelle rencontre entre Andreas Scheuer et Dieter Zetsche, rappelle aussi la Taggesschau. Début juin, la presse allemande spéculait sur le rappel de 600.000 voitures Daimler à venir, dont le best-seller de Mercedes, la Classe C. La question reste également ouverte sur la provenance des moteurs incriminés. A côté de ses motorisations 100% maison, Daimler adapte en effet aussi des moteurs Renault. Les deux groupes n’ont fait aucun commentaire.

Pauline Ducamp