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DSK: "C'est moins la finance qui est en cause que les financiers"

Dominique Strauss-Kahn répond aux questions des sénateurs, mercredi 26 juin.

Dominique Strauss-Kahn répond aux questions des sénateurs, mercredi 26 juin. - -

Convoqué en tant qu'ex-directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn a répondu aux sénateurs sur le rôle des banques dans l'évasion des capitaux, ce mercredi 26 juin. Il a notamment critiqué l'action des superviseurs nationaux, qui "ne sont pas assez armés" face aux dérives.

Rarement le Palais du Luxembourg aura connu une pareille ébullition. Ce mercredi 26 juin a marqué le retour de Dominique Strauss-Kahn dans une institution de la République.

Le Sénat a, en effet, accueilli l’ancien ministre de l’Economie, qui était auditionné par la Commission d’enquête sur le rôle des banques et des acteurs financiers dans l’évasion des capitaux. Retiré des affaires pour des raisons qu’il est inutile de rappeler, DSK était convoqué en qualité d’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI).

"Le système fonctionne mal"

Après une rapide présentation des modalités de l’audition, Dominique Strauss-Kahn a tenu un discours général sur l’économie.

"L’économie réelle constitue une discipline assez simple.(…) Les instruments d’analyse sont assez bien définis. Le problème c’est lorsqu’on introduit la monnaie", a-t-il affirmé.

"En deux mots, mon opinion est la suivante: évidemment il y a énormément de dysfonctionnements dans ce système et parfois des dispositions individuelles scandaleuses".Pour donner corps à ses propos, il a expliqué que "incriminer la finance a pour moi la même pertinence qu’incriminer l’ industrie automobile quand on parle des morts sur la route."

Avant de poursuivre: "le vrai problème, c’est le comportement des utilisateurs. C’est donc moins la finance qui est en cause que les financiers. A trop s’occuper de la finance, on ne s’occupe pas assez des financiers."

Les règles du basket sur un terrain de football

L'ex patron du FMI a ensuite poursuivi les métaphores pour décrire le système financier . Il a ainsi estimé, selon les propos rapportés par le compte twitter de Public Sénat, que "la dimension du jeu s'est étendue, on joue avec les règles d'un jeu de basket sur un terrain de football". "On sait maintenant comprendre le problème mais on ne sait pas le traiter", a-t-il ajouté.

#directSénat #DSK "La dimension du jeu s'est étendue, on joue avec les règles d'un jeu de basket sur un terrain de football" #finance
— Public Sénat (@publicsenat) June 26, 2013

Concernant la régulation financière, Dominique Strauss-Kahn a estimé que "le gendarme n'est pas assez armé", critiquant ainsi les différents superviseurs.

"Partout, la supervision fonctionne mal", a-t-il expliqué, prenant pour exemple les premiers stress tests (tests de ressitance) effectués auprès des banques européennes qui avaient conclu à un besoin de recapitalisation de deux ou trois milliards d'euros. Or, le FMI avait chiffré ce besoin à 80 ou 90 milliards d'euros, a-t-il affirmé. "Et on a gentiment prié le FMI de garder ses chiffres pour lui".

Des sénatrices ayant compris que Dominique Strauss-Kahn jugeait le système globalement bon, mais simplement perverti "par de mauvais esprits", l'ancien "patron" du FMI s'est défendu d'avoir été aussi tranchant.

"Le système, il est comme il est. Pour le moment, je n'en connais pas d'autre, mais je veux bien qu'on en discute. On pourrait le faire fonctionner beaucoup mieux si on met le point d'application de ce que l'on veut changer sur le comportement des individus plutôt que sur des règles qui voudraient améliorer le système sans beaucoup le changer", a-t-il expliqué.

Y. D. et J.M.