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Transports

Discorde entre actionnaires chinois et locaux à l’aéroport de Toulouse

L'aéroport de Toulouse-Blagnac est détenu à 49,99% par des actionnaires chinois.

L'aéroport de Toulouse-Blagnac est détenu à 49,99% par des actionnaires chinois. - AFP - Remy Gabaldac

L'État a cédé l'an dernier près de la moitié du capital de l'aéroport toulousain à des investisseurs chinois. Voilà que ceux-ci demandent à ce qu'une partie du fonds de réserve de 67 millions d'euros leur soit reversé.

Reportée. Pour la deuxième fois en un mois, l’assemblée générale extraordinaire de la société de gestion de l’aéroport Toulouse-Blagnac a été ajournée. Et pour cause, le torchon brûle entre les actionnaires.

En avril 2015, l’État a cédé 49,99% des parts de cette société à la coentreprise constituée par le groupe d’investissement chinois Shandong Hi-Speed et le fonds d’investissement hongkongais Friedmann Pacific Asset Management pour 308 millions d’euros. Il continue de détenir 10,1% des parts.

850 millions d'euros d'investissements

Les 40% restants sont détenus par un groupe de collectivités locales: la région Midi-Pyrénées (5%), le département de la Haute-Garonne (5%), la Chambre de Commerce et d’Industrie (25%) et la communauté d’agglomération Toulouse Métropole (5%). Pour être choisis, les actionnaires chinois ont promis un programme d’investissements de 850 millions d’euros et ne cachent pas leur objectif d’accroître considérablement l’activité internationale de l’aéroport.

Problème: tous ne s’accordent pas sur le sort à réserver à la trésorerie accumulée depuis des années. Les actionnaires chinois souhaitent mettre la main sur une partie de la réserve financière de 67 millions d’euros constituée. Ils proposent de redistribuer 17,5 millions d’euros de ces réserves dont 9 millions d’euros lui reviendraient. Au départ, ils réclamaient même la redistribution de 40 millions d’euros, soit environ 60% des fonds en réserve. Le montant de 20 millions d’euros a également été évoqué.

Une "histoire collective"

Mais les actionnaires locaux ne l’entendent pas ainsi. Dès le mois de mai, ils s’inquiétaient de la conduite de la coentreprise chinoise. Dans un courrier adressé à l’ancienne secrétaire d'État aux transports et ex-dirigeante de la SNCF Anne-Marie Idrac, aujourd’hui présidente du conseil de surveillance de la société Aéroport Toulouse-Blagnac (SATB), ils soulignent que "ces réserves permettent de donner à la SATB les garanties de son développement et de son autonomie". La gestion de l’aéroport avait jusque-là bonne réputation. Depuis plusieurs années, 50% du résultat net annuel était traditionnellement mis en réserve.

"La redistribution d’une partie de la réserve de la SATB, à hauteur de 20 millions d’euros, ne nous paraît pas opportune du point de vue économique. Par ailleurs, cette réserve est le fruit de l’effort de chacun des partenaires publics historiques de la SATB. Sa redistribution, un an après la nouvelle gouvernance mise en place, ne s’inscrit pas dans cette histoire collective", estimaient fin mai ces actionnaires locaux, cités par Le Monde.

La date de la tenue de l’assemblée générale n'est toujours pas indiquée.

Adeline Raynal