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La réforme de la gouvernance d'EADS approuvée par les actionnaires

La maison-mère d'Airbus va connaître un changement profond de sa gouvernance

La maison-mère d'Airbus va connaître un changement profond de sa gouvernance - -

Les actionnaires du groupe ont validé, ce mercredi 27 mars, la réforme des statuts Cette nouvelle gouvernance doit permettre à l'entreprise de s'émanciper des Etats.

C'était le Jour J pour la grande réorganisation d'EADS. Ce mercredi 27 mars, les actionnaires du groupe d'aéronautique, réunis en assemblée générale extraordinaire, ont validé la réforme des statuts.

Cette dernière acte la nouvelle gouvernance du groupe. Comme l'expliquait le directeur de la stratégie du groupe, Marwan Lahoud, le 28 février sur BFM Business, l'opération va permettre à EADS de devenir "une entreprise plus normale, une entreprise où les décisions se prendront au sein de la société, il n’y aura pas de décision externe". "C’est le plus gros changement d’EADS depuis sa création" confiait-il.

Nouvelle répartition du capital

Concrètement, cette réorganisation vise à réduire l'emprise des Etats sur le champion européen de l'aviation et de l'exploration spatiale. Ainsi, la structure de l'actionnariat doit être complètement modifiée. La part du flottant, c’est-à-dire les actions qui s'échangent librement sur les marchés, va passer de moins de 49% à 72% d'ici à juillet.

Du coup, la France va voir sa participation diminuer de 15% à 12%. L'Allemagne détiendra également 12% et l'Espagne conservera 4%. elle devrait vendre jusqu'à 1,15% du capital d'ici au 9 avril. Au total, les Etats ne pèseront plus dans le capital d'EADS qu'à hauteur de 28%, contre 35,5% auparavant. Lagardère, pour la France, et Daimler, pour l'Allemagne sortiront, eux, du capital.

" Tous les actionnaires se sont accordés pour doter EADS d'une gouvernance dite "normale", explique, ce mercredi 27 mars, Arnaud Lagardère, le patron du groupe du même nom, dans une interview aux Echos. " Il me semble qu'EADS doit se concentrer sur ses points forts, être moins dépendant d'Airbus et se donner le temps pour cela", ajoute-il.

Surtout, le pacte d'actionnaire jusque-là en vigueur, et qui donnait d'importantes prérogatives à Berlin et à Paris, va être dissous. Les deux pays garderont un droit de veto limité aux décisions mettant en jeu leur souveraineté.

Le groupe encore marqué par l'échec de la fusion avec BAE

EADS veut ainsi oublier l'échec cuisant de son récent rapprochement avec le groupe de défense britannique BAE Systems. Ensemble, les deux entreprises devaient fusionner pour donner naissance à véritable géant européen de l'aviation militaire et civil. Ce mariage, tant souhaité par Tom Enders, président exécutif d'EADS, avait avorté, en raison des différends entre les Etats possédant des intérêts dans ce dossier.

Par ailleurs, les actionnaires devront également renouveler le conseil d'administration d'EADS, et désigner son nouveau président. Sauf surprise, ils devraient suivre les recommandations du comité des nominations, et choisir à ce poste Denis Ranque, ex-PDG de Thales.

L'Elysée avait un temps fait pression pour installer à ce poste Anne Lauvergeon, ex-présidente du directoire d'Areva et ancienne proche de François Mitterrand. Ce que la direction d'EADS n'avait guère apprécié, y voyant une atteinte à la souveraineté de ses décisions.

Julien Marion