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EasyJet veut accroitre sa présence en Europe

Carolyn Ma Call voit " beaucoup d'espaces pour grandir" en France, où Easyjet est numéro deux.

Carolyn Ma Call voit " beaucoup d'espaces pour grandir" en France, où Easyjet est numéro deux. - Leon Neal - AFP

La compagnie à bas coût n'envisage pas, pour l'instant, de concurrencer les compagnies historiques sur les vols long-courriers, a affirmé sa directrice générale Carolyn McCall. Son objectif : l'Europe et "ses énormes possibilités de croissance".

Court et moyen-courriers restent la cible d'EasyJet. Après avoir battu tous ses records l'an passé, la compagnie à bas coût dispose encore d'"énormes possibilités de croissance" en Europe, où elle veut grignoter davantage les parts des transporteurs historiques, assure sa directrice générale, Carolyn McCall, dans un entretien à l'AFP.

"Nous transportons 16 millions de passagers vers et depuis la France en un an", souligne la dirigeante, dont la compagnie a transporté au total près de 70 millions de passagers l'an passé, surtout au sein du continent européen mais aussi jusqu'en Egypte et en Israël. Dans l'Hexagone, elle est numéro deux derrière Air France avec 15% de part de marché et Carolyn McCall y voit "beaucoup d'espaces pour grandir".

Dans l'ensemble de l'Europe également, où la compagnie estime à 8% sa part de marché des vols court et moyen-courriers, "vous voyez aussi d'énormes possibilités de croissance", assure la dirigeante de 54 ans au regard pénétrant, lors d'une interview au siège d'EasyJet à l'aéroport de Luton, dans la banlieue nord de Londres.

Une consolidation à venir

Depuis le "hangar 89", un bâtiment aux couleurs orange qui remplit le triple emploi de siège social, de centre opérationnel et de garage de maintenance pour les avions de la compagnie, Carolyn McCall perçoit en effet "une consolidation" à venir parmi les compagnies européennes. Même si elle ne sera peut-être pas aussi ravageuse que celle qui a partagé le ciel américain entre seulement quatre acteurs importants.

Lufthansa, British Airways, Air France et les autres compagnies historiques sont déjà dépassées par EasyJet, et a fortiori par la numéro un du low cost Ryanair, en terme de nombre de passagers sur les vols court et moyen-courriers. Carolyn McCall enfonce le clou en avertissant que, malgré leurs efforts, leur modèle n'est plus adapté à ce marché en Europe.

La chute des cours du pétrole leur offre certes une bouffée d'oxygène pour "rester vivant" en maintenant leur réseau intact. Le prix bas du kérosène permet aux compagnies traditionnelles de conserver "des capacités qui n'existeraient plus si le carburant était plus cher", d'après Carolyn McCall, qui reconnaît néanmoins qu'une forte volatilité des cours du brut est mauvaise pour l'ensemble des compagnies.

Reste qu'EasyJet n'envisage pas, pour l'instant, de concurrencer les compagnies historiques sur les vols long-courriers ou de s'implanter loin d'Europe, par exemple aux États-Unis, en Afrique ou en Asie. Ces marchés "sont plutôt à la périphérie de notre stratégie car nous avons tant à faire dans le court et le moyen-courrier en Europe", souligne la patronne d'EasyJet, rappelant fièrement comment son entreprise a vu son bénéfice avant impôt s'envoler, passant de quelque 50 millions de livres à près de 700 millions de livres (900 millions d'euros) en cinq ans.

Une demande affectée par les attentats de Paris

Alors, qu'est-ce-qui peut freiner l'avion orange aux yeux de sa pilote ? Les attentats de Paris et le crash meurtrier d'un avion russe parti de la station égyptienne de Charm el-Cheikh revendiqué par le groupe Etat islamique ont porté un coup au secteur, a-t-elle rappelé. "Ces événements terribles ont affecté la demande des passagers et nous l'avons vu immédiatement à travers notre réseau", même si "la demande est de retour".

Une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ("Brexit"), que les Britanniques pourraient bientôt décider par référendum, provoquerait pour sa part des turbulences réglementaires pour le transport aérien en Europe qui, note la chef d'EasyJet, a pu réduire de 40% ses tarifs et doper de 170% ses liaisons grâce à la dérégulation favorisée par Bruxelles. "EasyJet dit clairement qu'un maintien britannique en Europe est la meilleure chose pour le Royaume-Uni", rappelle Carolyn McCall qui prévient toutefois que la compagnie "a des plans" pour s'adapter à un éventuel Brexit.

Toujours du côté politique, elle fait aussi part de sa "frustration" face au énième report d'une décision gouvernementale de construire une nouvelle piste d'aéroport à Londres - à Heathrow plutôt qu'à Gatwick, espère-t-elle. Mais au final, peu d'impondérables semblent vraiment inquiéter Carolyn McCall. Donnée un temps -à tort- partante pour le distributeur Marks and Spencer par des médias britanniques, cette figure du monde des affaires au Royaume-Uni se verrait bien encore un moment aux commandes d'EasyJet, dont elle tient les commandes depuis bientôt six ans. Tant pour porter sa compagnie plus haut que pour faire entendre sa voix sur la question des femmes, bien trop peu acceptées dans les conseils d'administration des grandes entreprises à ses yeux.

C.C. avec AFP