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EDF arrache à l’Etat un nouvel effort financier

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EDF - ALAIN JOCARD / AFP

Alors que l’entreprise devait verser un dividende important en cash à l’Etat, son actionnaire public a consenti à y renoncer pour trois ans. Un bol d’air pour EDF qui traduit sa fragilité financière.

EDF a gagné une nouvelle partie face à son actionnaire. A la suite d’un conseil d’administration disputé, l’entreprise publique a arraché à l’Etat un nouvel effort financier. Son actionnaire à 84% s’engage à ne pas demander de dividende en cash pendant trois ans, au titre des exercices 2018, 2019 et 2020. Concrètement, l’Etat recevra un dividende en actions EDF ce qui augmentera légèrement sa participation pendant trois ans.

L’entreprise évitera de sortir plus d’un milliard d’euros par an. Une somme importante alors que d’ici 2022, elle fait face à un mur d’investissement d’environ 15 milliards d’euros par an. En raison des lourds projets de travaux sur les 58 réacteurs du parc nucléaire français –appelés grand carénage-, du chantier des deux EPR d’Hinkley Point en Grande-Bretagne et enfin du déploiement du compteur Linky.

Cette décision était inattendue alors que l’Etat s’était déjà abstenu de prélever un dividende en cash en 2015, 2016 et 2017. EDF devait reprendre ses versements cette année. Sauf qu’en novembre dernier, son PDG Jean-Bernard Lévy a réuni, à Mestre en Italie, les principaux dirigeants du groupe pour leur présenter son plan stratégique à horizon 2022.

L'endettement repart à la hausse

Les administrateurs ont été surpris de voir que face aux investissements très lourds, l’endettement de l’entreprise augmentait. Plusieurs membres du conseil d’administration ont manifesté leur inquiétude sur la trajectoire financière dans les années à venir. « L’endettement repart à la hausse et il n’est surtout pas maîtrisé » explique l’un d’entre eux. Tous ont pointé du doigt l’Etat impécunieux.

« Nous avons été nombreux a exprimé notre mécontentement vis-à-vis de l’Etat actionnaire qui voulait recommencer à prélever des dividendes alors que l’entreprise fait face à d’importants investissements », s’agace un administrateur. Complainte à laquelle le représentant de l’Etat, Martin Vial, a répondu qu’il avait assumé son rôle d’actionnaire en renflouant l’entreprise il y a trois ans. Alors qu’EDF vient de vendre pour 10 milliards d’euros d’actifs en trois ans, beaucoup craignaient que le groupe soit contraint d’en céder à nouveau. Tous les regards se tournaient vers la filiale italienne Edison.

L’Etat a donc choisi la sagesse pour éviter une nouvelle pression financière sur EDF. L’entreprise croule sous 37 milliards d’euros de dettes. En 2016, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron avait reconnu, dans un mea culpa inédit, que l’Etat avait trop prélevé d’argent chez EDF. Entre sa privatisation en 2005 et 2015, l’entreprise avait reversé 20 milliards d’euros à son actionnaire public.