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Energie

Les salariés d'EDF en grève contre le projet de scinder l'électricien en deux

Hercule vise à créer deux entités. Une "bleue" détenue à 100% par l'Etat, une "verte" qui serait introduite en bourse à hauteur de 35%

Hercule vise à créer deux entités. Une "bleue" détenue à 100% par l'Etat, une "verte" qui serait introduite en bourse à hauteur de 35% - AFP

Le plan Hercule prévoit de scinder l'entreprise en deux. Avec d'un coté le nucléaire, les barrages et le transport de l'électricité, détenus à 100% par l'Etat. Et de l'autre, le réseau Enedis, les énergies renouvelables et les services à l'énergie, qui eux seront ouverts aux capitaux privés.

C'est une union assez rare pour être soulignée. Tous les syndicats d'EDF, CGT en tête, sont à l'unisson pour faire barrage au projet du gouvernement. Tous s'opposent au plan Hercule qui prévoit de scinder l'entreprise en deux.

Ce projet, présenté dans ses grandes lignes le 20 juin aux syndicats, créerait d'un coté un "EDF bleu" comprenant le nucléaire, les barrages hydroélectriques et le transport de l'électricité détenus à 100% par l'Etat. Et de l'autre un "EDF vert" avec Enedis, EDF Renouvelables, Dalkia, la direction du commerce, les activités d'outre-mer et de la Corse d'EDF, le tout ouvert aux capitaux privés à hauteur de 35%. Au 30 juin dernier, l'Etat détenait 83,7% du capital du groupe EDF, les actionnaires institutionnels 13%, les actionnaires individuels 2% et les actionnaires salariés 1,1%, auquel il faut ajouter 0,2% d'autodétention. 

"On privatise les gains et on nationalise les pertes", a estimé Hervé Desbrosses (CFE-CGC). Alain André (FO) craint les "conséquences sociales", avec 5.000 agents d'accueil concernés, alors que plus de 8.000 personnes travaillent à la commercialisation chez EDF.

Un projet "Armageddon"

Cette scission, pour les syndicats, signe la fin de la mission de service public d'EDF. Les syndicats reprochent à l'Etat de vouloir privatiser les profits des activités qui ont de l'avenir comme les énergies renouvelables et de nationaliser les foyers de pertes qui pèse sur le nucléaire. Mais surtout, ce projet est la fin de la raison d'être d'EDF, qui produit et distribue l'électricité sur tout le territoire.

En réaction, les syndicats ont lancé un appel à la grève pour ce jeudi. Le mouvement social devrait être fortement suivi dans tous les sites. Un rassemblement est également prévu à Paris à 14h30 devant le ministère de la Transition écologique. Il n’y avait plus eu une telle mobilisation chez EDF depuis l’introduction en Bourse de l’entreprise il y a près de 15 ans, en 2005. Chez EDF, beaucoup de dirigeants pensent que ce projet ne verra jamais le jour face à l'opposition des syndicats. Et effectivement les syndicats sont aujourd'hui fermement déterminés à s'opposer à ce projet pour faire reculer le gouvernement. Des syndicats qui ont rebaptisé le projet Hercule en "Armageddon". Tout un symbole. 

Olivier Chicheportiche avec Mathieu Pechberty