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EgyptAir, une compagnie historique déjà très affectée économiquement

Egypt Air a accumulé plus d'1 milliard de dollars de pertes depuis l'exercice 2010-2011

Egypt Air a accumulé plus d'1 milliard de dollars de pertes depuis l'exercice 2010-2011 - Andrea Soos - AFP

"La compagnie dont l'A320 a sombré dans la Méditerranée est la plus ancienne du continent africain. En proie à d'importantes difficultés économiques, elle tente actuellement de repartir de l'avant."

Le sort semble s'acharner sur EgyptAir. La compagnie nationale égyptienne ignore pour le moment ce qui a conduit, ce jeudi, son A320 reliant Paris au Caire à sombrer dans la mer rouge, avec à son bord 66 passagers dont 15 Français. Mais il est certain que ce crash va encore accentuer ses difficultés, sur le plan économique.

Car c'est la deuxième fois cette année que cette compagnie détenue par l'État égyptien. fait parler d'elle pour de mauvaises raison. Fin mars dernier, un de ses avions avait été détourné vers Chypre par un pirate de l'air avec une fausse ceinture d'explosifs qui voulait, en fait, revoir son ex-femme chypriote.

Plus d'un milliard de dollars de pertes

"La sécurité aérienne fait partie des préoccupations des compagnies en termes d'images. Et de tels incidents posent évidemment problème", rappelle François Collet, consultant dans l'aérien.

Une mauvaise publicité dont EgyptAir se serait évidemment bien passée à l'heure où cette compagnie tente désespérément de sortir la tête de l'eau. Car EgyptAir a beau être la plus ancienne compagnie africaine (elle est née en 1932), elle ne figure aujourd'hui qu'au 72ème rang mondial en termes de chiffres d'affaires (1,950 milliard d'euros en 2014). Membre de Star Alliance, elle fait ainsi pâle figure face aux autres membres de la plus importante alliance aérienne au monde: Lufthansa (36 milliards de dollars) ou United Airlnes (38 milliards).

Egyptair est en fait "en grande difficulté depuis le printemps arabe et la crise égyptienne qui a fortement plombé le tourisme dans le pays", souligne Pierre Wergens, consultant chez Sia Partners. Toujours selon cet expert, "depuis 2011, les pertes annuelles de cette compagnie dépasse systématiquement les 100 millions de dollars".

La faute à l'image du pays dont elle est l'étendard. Alors que le pays est en proie à un forme de guerre civile larvée, les trésors des pharaons et les idylliques plages de la rive occidentale de la mer Rouge ne font plus vraiment recette. En 2014, 9,9 millions de touristes ont visité l'Égypte contre 14,7 millions en 2010. Et, depuis l'exercice 2010/11, EgyptAir qui transporte environ 7,2 millions de passagers par an et emploie 35.000 personnes, a accumulé plus de 1 milliard de dollars de pertes. Son "load factor", ou pour faire simple, son taux de remplissage se situe à 67% quand Air France ou Lufthansa arrivent à des chiffres oscillant entre 80 et 85%.

Offensive sur la flotte

Le groupe n'est pourtant pas resté les bras ballants. En octobre dernier, son PDG, Sherif Attia confiait ainsi à Gulf News sa volonté d'acheter entre 60-70 avions en 2016 (pour livraisons en 2022) avec l'objectif d'agrandir mais aussi renouveler une flotte actuellement composée de de 70 appareils (Airbus A320, A330, Boeing 777 et 737).

"L'achat de nouveaux avions a deux buts. Le premier est de diminuer les coûts opérationnels d'Egyptair avec des nouveaux avions plus économes en carburant. Le deuxième est marketing: il faut vendre à la clientèle des avions jeunes", décrypte Pierre Wergens.

Dans son plan stratégique EgyptAir compte aussi faire du port du Caire un hub intercontinental permettant de transporter des passagers de l'Est vers l'Ouest ou du Nord vers le Sud, profitant ainsi de sa position géographique centrale. Ce qui de fait l'amènerait à concurrencer les compagnies du Golfe, puisque toute les compagnies du Moyen-Orient "cherchent à s'interposer entre l'Asie-Pacifique et l'Europe", note Pierre Wergens.

À l'heure actuelle, les passagers de transit représentent autour du tiers de son trafic. Il y a encore quelque mois, EgyptAir espérait encore afficher un bénéfice sur l'exercice 2016-2017. Les récents incidents en Égypte et le crash de ce jeudi risquent bien de l'en empêcher. "Que l'accident soit lié au terrorisme ou non, les vacanciers vont clairement reconsidérer leur séjour dans le pays, affirme au DailyMail Frank Brehany directeur d'Holiday TravelWatch.

Airbus "prêt à apporter toute assistance aux enquêteurs"

L'avionneur européen a publié un communiqué ce jeudi dans la matinée réagissant au crash de l'avion. Le groupe rappelle que l'avion en cause avait accumulé 48.000 heures de vol et que le type d'appareil (l'A320) avait été mis en service en 1988. Ce qui fait qu'à l'heure actuelle 6.700 A320 volent. Le groupe se dit également "prêt à apporter toute assistance technique aux BEA et aux autorités en charge de l'investigation".