BFM Business
Transports

Emissions de CO2 : quand Tesla vole au secours de Fiat

L'arrivée prochaine de la Fiat 500 électrique n'y changera rien : Fiat-Chrysler doit faire baisser d'urgence son bilan-carbone. Quitte à payer pour « vendre » des Tesla !

L'arrivée prochaine de la Fiat 500 électrique n'y changera rien : Fiat-Chrysler doit faire baisser d'urgence son bilan-carbone. Quitte à payer pour « vendre » des Tesla ! - KEVORK DJANSEZIAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le groupe Fiat-Chrysler va verser plusieurs centaines de millions de dollars à Tesla, pour comptabiliser dans ses propres chiffres des ventes de Tesla. Objectif : réduire son bilan d'émissions CO2.

Si Fiat-Chrysler est menacé à terme par les exigences européennes en matière de CO2, c'est grâce à un mécanisme autorisé par l'Europe que le constructeur a trouver une parade : « vendre » des Tesla électriques pour faire baisser ses moyennes comptables d'émissions.

FCA est l'un des constructeurs les plus en retard en la matière. Avec une moyenne de 119 grammes de CO2 au kilomètre pour Fiat et 142 pour Jeep, les deux marques majeures du groupe seront trop en retard pour atteindre les 95 grammes exigés par les autorités européennes en 2021, sous peine de fortes amendes.

Une forme de « droits à polluer »

L'entrée en production de la Fiat 500 100% électrique en 2022, et le lancement progressif de deux modèles de Jeep hybrides rechargeables au dernier Salon de Genève n'y changeront rien, et interviendront trop tard pour faire baisser significativement le taux d'émission moyen du groupe.

Fiat-Chrysler a donc eu recours à un procédé comptable, ressemblant fort aux quotas industriels d'émission CO2 : le constructeur va verser plusieurs centaines de millions d'euros à Tesla... pour prendre en charge, via un système de « pool », dans ses propres comptes, des ventes Tesla. Résultat, les modèles Tesla étant zéro émission, cela fera baisser la moyenne d'émission CO2 de l'ensemble du groupe.

Procédé connu et autorisé

Un procédé rendu possible par l'Union Européenne mais qui n'a jamais été utilisé jusqu'à présent entre deux constructeurs différents, la plupart des grands groupes ayant déjà dans leurs gammes suffisamment de modèles hybrides ou électriques, et travaillant encore d'arrache-pied à l'efficacité de leurs moteurs thermiques, au prix de lourds investissements... Que Fiat-Chrysler cherche à éviter. Tout comme un autre scénario, encore en vogue il y a quelques temps, celui de la possibilité d'une alliance industrielle... 

Cette possibilité d' « acheter » des ventes Tesla pour faire baisser les moyennes d'émission a en revanche déjà été utilisé aux Etats-Unis par des constructeurs américains, via des systèmes de ventes par flottes. Une source de revenus non-négligeable pour Tesla, qui permet ainsi de compenser une profitabilité toujours instable.

Calcul économique

C'est via un système de pool comparable que Fiat-Chrysler va pouvoir ainsi « vendre » des Tesla en Europe et alléger son bilan carbone, en comblant son retard le plus vite possible. Car le temps presse, et si l'on fait une projection des émissions actuelles du groupe par rapport aux exigences européennes en 2021, Fiat-Chrysler aurait à payer une amende de 700 millions d'euros dans un premier temps.

Le montant versé à Tesla pour comptabiliser certaines de ses ventes n'a pas été dévoilé, pas plus que le nombre de véhicule en question. Mais la somme sera sans doute sensiblement inférieure aux amendes encourues. Un calcul économique que Fiat Chrysler estime dans un communiqué « le moyen le plus flexible pour satisfaire les clients tout en respectant au plus près le cadre réglementaire ».