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Emploi: les femmes devraient être les premières victimes des robots

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3 millions d'emplois devraient avoir disparu en France d'ici moins de 10 ans du fait de la robotisation. Or pour mener à bien cette révolution, la filière de la robotique s'apprête à recruter bien plus d'hommes que de femmes. Explication.

Si l'uberisation de l'économie est considérée par certains comme une menace pour l'emploi, il en est une encore plus grande qui arrive: la robotisation. Selon une étude de 2014 de Roland Berger, ce sont 3 millions d'emplois qui pourraient disparaître en France d'ici 2025. Ainsi, pour rester dans la comparaison avec le transport urbain, si l'uberisation consistait à remplacer les taxis professionnels par des chauffeurs amateurs, la robotisation consistera elle à substituer ces mêmes chauffeurs par des voitures autonomes. D'ailleurs Uber elle-même est une des nombreuses sociétés qui travaillent sur la voiture autonome.

Mais les robots ne remplaceront pas que les chauffeurs loin de là. Ces 10 prochaines années les secteurs les plus concernés par la robotisation seront selon Roland Berger l'agriculture, l'hôtellerie, les administrations publiques, l'armée ou encore la police. 

La "menace" est évidemment mondiale. Selon un rapport du World Econmic Forum baptisé "The Future of Jobs" et dévoilé ce lundi 18 janvier à Davos, dans les 5 années qui viennent 7,1 millions d'emplois devraient disparaître dans les 15 premières économies mondiales à cause des machines intelligentes. Et si certains seront compensés par la création de nouveaux types d'emplois, le bilan sera largement déficitaire puisque seuls 2,1 millions d'emplois seraient créés en compensation. La perte nette serait donc de 5 millions d'emplois.

Pourquoi les femmes seront plus impactées 

Les principales victimes de cette robotisation devraient être les femmes. Certes sur les 7,1 millions d'emplois détruits, ce sont les hommes qui seront le plus concernés (52% contre 48% de femmes). Mais d'une part les femmes étant moins nombreuses sur le marché du travail, elles seront d'avantage impactées en proportion. Mais surtout, elles seront beaucoup moins représentés que les hommes dans les 2,1 millions d'emplois créés en compensation. Au final, si 33% des postes disparus seront compensés par de nouveaux pour les hommes, il ne sera que de 20% pour les femmes.

Pourquoi les femmes seraient-elles davantage touchées et dans d'aussi grandes proportions? Tout simplement parce que les créations d'emplois se feront principalement dans des secteurs où elles sont peu présentes: informatique, mathématiques, architecture ou encore ingénierie. Ainsi pour cinq nouveaux emplois créés dans les STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), un est occupé par une femme, quatre par des hommes. 

30% de filles en école d'ingénieur

Une pénalisation des femmes sur le marché de l'emploi qui inquiète Klaus Schwab, l'organisateur du Forum de Davos. En introduction du rapport, il appelle les pays à apporter "une réponse rapide et ciblée pour gérer la transition à très court terme et construire des forces de travail qualifiées." Sans quoi "les gouvernement seront confrontés à un chômage grandissant et à des inégalités croissantes, alors que les entreprises verront leurs marchés de consommation se contracter", avertit le fondateur du Forum Economique Mondial. Et ça doit certainement commencer par la formation. Aujourd'hui, les femmes représentent moins de 30% des étudiants en école d'ingénieur en France. Un chiffre quasi-stable depuis 10 ans et qui explique la sur-représentation des hommes par la suite dans les métiers technologiques.

Frédéric Bianchi