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En Chine, une soufflerie surpuissante testera des avions et missiles à 12.000 km/h et bien plus

La Chine construit ses propres avions de ligne avec le C919, moyen-courrier de l'avionneur chinois Comac ont le premier vol eut lieu en 2017.

La Chine construit ses propres avions de ligne avec le C919, moyen-courrier de l'avionneur chinois Comac ont le premier vol eut lieu en 2017. - STR-AFP

La Chine bâtit une soufflerie géante qui permettra de simuler des vols à des vitesses hypersoniques comprises entre Mach 10 (environ 12.250 km/h) et 25 (30.600 km/h)", soit 25 fois la vitesse du son.

Pas d'industrie aéronautique nationale d'envergure sans soufflerie puissante et moderne, installée et gérée à demeure. Puissance industrielle montante dans la conception et la fabrication d'aéronefs comme le C930, moyen-courrier de Comac, la Chine construit une soufflerie surpuissante. Cette installation sera capable de soumettre des prototypes d'avions, de drones ou d'armements, à des vents ultra-puissants, simulant des forces qui s'appliqueraient sur des modèles grandeur nature, dans des conditions de vitesse, de gravité et de chaleur extrêmes.

La future installation, une galerie longue de 265 mètres et construite par l'Académie chinoise des Sciences (CAS), permettra de "simuler des vols à des vitesses comprises entre Mach 10 (environ 12.250 km/h) et 25 (30.600 km/h)", soit 25 fois la vitesse du son, selon un chercheur du projet, Han Guilai, cité par la télévision publique CCTV.

La Chine construit plusieurs grandes souffleries

Les chercheurs de la CAS ont déjà testé avec succès un prototype d'avion "hypersonique" (c'est-à-dire ayant une vitesse égale ou supérieure à Mach 5, soit au-delà de 6000 km/h) grâce à leur soufflerie actuelle, qui peut simuler des vitesses jusqu'à Mach 9 (11.000 km/h).

La Chine opère la construction accélérée de plusieurs grandes souffleries semblables aux souffleries européennes sachant que de 8 à 10 ans sont nécessaires pour en construire une seule, relevait déjà l'Onera (office nationale d'études et de recherches aérospatiales) en 2014.

À titre de comparaison, l'entreprise publique française dispose de 12 souffleries aéronautiques, couvrant une gamme de vitesse de Mach 0,1 à Mach 20, situées en Savoie, près de Toulouse et sur le plateau de Saclay (Essonne). De leur côté, les États-Unis possèdent déjà des souffleries de niveau Mach 10 à 25 "depuis les années 1980", souligne Song Zhongping, un expert de l'armée chinoise. "Donc on ne peut pas dire que la Chine les surpasse. Au mieux, elle les égale", note-t-il.

La Chine travaille sur un prototype de super-Concorde

Les chercheurs de la CAS ont déjà testé avec succès un prototype d'avion "hypersonique" (c'est-à-dire ayant une vitesse égale ou supérieure à Mach 5) grâce à leur soufflerie actuelle, qui peut simuler des vitesses jusqu'à Mach 9. Une revue scientifique chinoise avait révélé en février 2018 ce projet, nommé "modèle I", un aéronef qui serait capable d'acheminer en moins de deux heures des passagers entre Pékin et New York (11.000 km). Cela en ferait l'avion commercial le plus rapide de l'Histoire, devant le supersonique franco-britannique Concorde, et sa vitesse de croisière maximale de 2.200 kmh.

Dans le domaine militaire, l'enjeu pour Pékin, en se dotant de souffleries surpuissantes, consiste à mettre au point de missiles pouvant voler à des vitesses hypersoniques. Ils seraient ainsi potentiellement capables d'échapper aux systèmes de défense aérienne adverses. "Le développement des armes hypersoniques de la Chine nous a dépassé", a récemment reconnu au Congrès américain l'amiral Harry Harris, chef du commandement militaire américain pour le Pacifique (Pacom).

Frédéric Bergé avec AFP