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Vie de bureau

En entretien, faut-il mentir sur son salaire?

À New York, il est désormais illégal pour un employeur de demander son dernier salaire à un candidat à un poste. Et le contrevenant s'expose à une amende. Rien de tel en France. Alors à cette question, un candidat peut-il et doit-il mentir?

"Quelles sont vos prétentions salariales ?". C'est la question que se voit poser aujourd'hui le personnage fictif de la chronique "Happy Boulot", Michel. Il se trouve dans une boîte concurrente de la sienne. Il a décroché un entretien et il espère bien saisir l'occasion de changer de job.

Perspectives de carrière, management bienveillant: Michel attend beaucoup de ce potentiel nouveau poste mais aussi un salaire plus confortable. "Pour cela, tu dois mentir sur ton salaire actuel", lui a conseillé Florence, sa collègue préférée. "Tu dis que tu gagnes 50.000 euros par an, comme ça il te propose 52, comme ton vrai salaire est de 45.000, tu es gagnant!", lui a-t-elle dit.

Le bluff est un sport national

Cette stratégie diabolique est-elle efficace? Faut-il bluffer sur son salaire a un entretien d'embauche? Premier constat: le bluff est un sport national en France. "Je considère que tout le monde surévalue son salaire actuel dans un entretien. J'enlève donc systématiquement 10% à ce que m'annonce le candidat", explique la responsable financière d'une entreprise digitale qui recrute presque une personne par semaine.

Mais alors, si tout le monde ment, demander le salaire actuel dans un entretien d'embauche a-t-il vraiment du sens? À New York, la municipalité a tranché. À partir du mois de novembre, un employeur aura interdiction de demander à un candidat quel est son précédent salaire. Si jamais le sujet vient sur le tapis, le candidat pourra porter plainte et l'amende encourue va jusqu'à 250.000 dollars.

Les revenus, sur le même plan que la religion et la famille

Certes, la question relève d'un jeu de poker menteur, mais est-il nécessaire d'interdire de parler revenus au même titre que de poser des questions sur la famille, la religion ou l'adhésion politique? La Ville de New York estime que oui, car ces questions sur le salaire relèvent selon elle d'une même problématique de discrimination, cette fois appliquée à la rémunération.

Pour reprendre l'exemple de Michel, c'est comme si on lui disait "ton salaire précédent était nul, et bien le prochain le sera également". Or, explique un représentant de la mairie de la Grosse Pomme "être un jour sous-payé ne doit pas condamner quelqu'un a une vie entière d'inégalité". À Wall Street en tout cas, la mesure fait grincer des dents.

En France, on est très loin d'adopter un texte du même ordre. Alors en attendant, le jeu consiste à surenchérir. Mais attention si vous vous y mettez, soyez sûr d'avoir de bonnes cartes en main. Au jeu du poker menteur vous pouvez trouver plus fort que vous.

Laure Closier