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En Europe, les Harley-Davidson ne seront bientôt plus "made in USA"

Pour s'adapter aux taxes d'importations européennes sans pénaliser les ventes en augmentant les prix, Harley Davidson annonce que ses motos vendues en Europe ne proviendront plus des États-Unis. Donald Trump accuse la marque de "hisser le drapeau blanc" pour éviter de payer les taxes.

Le bras de fer sur les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Europe fait des victimes collatérales. Parmi elles, Harley-Davidson qui doit acquitter des droits d’importation vers l’Europe de 25% en passant de 6 à 31% pour ses motos "Made in USA".

Le groupe de Milwaukee évalue que ces taxes auront un impact financier de 30 à 45 millions de dollars en 2018, puis d’environ 100 millions de dollars par an. Dans un document financier publié ce lundi 25 juin, Harley estime que cela pourrait conduire à augmenter les prix de ses motos exportée des États-Unis vers l'UE d’environ 2.200 dollars.

Pour le constructeur engagé dans une bataille avec des concurrents américains (Indian), européens (BMW et Triumph) et indiens (Royal Enfield), pas question de répercuter ce surcoût sur les concessionnaires et donc sur le client final. Il a dévoilé son plan pour ne pas augmenter ses prix en Europe en limitant la casse. Le groupe prévoit d'augmenter la production dans ses usines hors des États-Unis pour alimenter le marché européen.

Comme l’indique Harley, cette décision n’a pas été prise de gaieté de cœur. "C’est la seule option durable pour rendre ses motos accessibles aux clients dans l'UE et maintenir une activité viable en Europe". L'Europe est un marché stratégique pour Harley-Davidson. En 2017, il a vendu 40 000 motos en Europe faisant de l’UE le second marché mondial après les États-Unis.

"Une gifle infligée aux ouvriers américains"

On ne sait pas encore dans quel pays seront produites les motos qui seront vendues en Europe. Harley ne prévoit pas de créer un nouveau site de production dans l'UE d'autant que la fermeture de l'usine australienne a été annoncée. Reste celles basées au Brésil et en Inde. Cette dernière a été inaugurée en 2011 pour éviter les taxes sur les importations de motos. Un troisième site doit être inauguré en Thaïlande cette année, une fois encore pour ne pas être pénalisé par les mesures fiscales.

Il y a un an, lors de l'annonce de ce projet thaïlandais, les réactions ont été virulentes aux États-Unis. Pour Robert Martinez Jr, président de l’USW (syndicat des métallurgistes), cette "délocalisation" est comme "une gifle infligée aux ouvriers américains et aux centaines de milliers de motards qui roulent en Harley dans le pays".

Pour Harley, c'est le seul moyen de préserver ses parts de marché au risque de décevoir les fans européens de la marque pour qui le "made in USA" reste la cerise sur la gâteau du rêve américain. Mais accepteraient-ils de payer plus cher des motos dont les tarifs sont déjà élevés? Une annonce qui tombe d'autant plus mal que début juillet, la marque américaine fêtera son 115e anniversaire avec un événement européen qui rassemblera à Prague plusieurs dizaines de milliers de bikers.

Donald Trump n'a pas tardé à répondre à cette décision. Dans un tweet, il affiche sa surprise et accuse Harley de "hisser le drapeau blanc" rappelant aussi qu'il s'est battu pour la marque iconique. Il estime que l'argument du constructeur n'est qu'un prétexte en concluant par un "Soyez patients!". Est-ce une menace lancée aux dirigeant d'Harley-Davidson ou une promesse pour les clients de la marque?

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco