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En pleine crise, la hausse de la rémunération des dirigeants de Richemont ne passe pas

Richemont voit ses ventes progresser malgré l'impact négatif de l'agitation sociale en France

Richemont voit ses ventes progresser malgré l'impact négatif de l'agitation sociale en France - Richemont

Le groupe de luxe suisse (Cartier, Montblanc, Van Cleef & Arpels…) a annoncé une augmentation de 35,8% de la rémunération du comité de direction pour le dernier exercice, clos fin mars. En parallèle, les primes annuelles des employés seront rognées de 25% et le chômage partiel ne sera plus totalement compensé.

La colère monte chez le géant du luxe Richemont, raconte le quotidien suisse Le Temps. Le groupe genevois, qui possède entre autres Cartier, Montblanc, Van Cleef & Arpels ou encore Jaeger, a annoncé une hausse substantielle de la rémunération de son comité de direction pour le dernier exercice fiscal, qui a pris fin en mars: +35,8%.

Cette annonce a fait l'effet d'une bombe auprès des 28.000 salariés du groupe. D'abord parce que la crise est passée par là : le numéro 2 mondial du luxe a ainsi vu son chiffre d'affaire chuter de 18% au quatrième trimestre de son exercice décalé (clos fin mars), plombé par les fortes baisses des ventes en Aise. Comme pour beaucoup d'exportateurs suisses, les tensions politiques à Hong Kong et la pandémie mondiale ont particulièrement fait souffrir l'entreprise. Son patron a même reconnu, début mai, que la visibilité pour le reste de l'année était "très limitée".

Des employés "démotivés"

Autant dire que la hausse de la rémunération passe mal, surtout que l'entreprise a profité de la mise en place d'un système de chômage partiel en Suisse. Justement, Richemont a annoncé, cette semaine, que ce chômage partiel ne serait plus compensé totalement : les salariés concernés verront donc leur revenu baisser de 20% (contre 6% depuis mars), dès ce mois-ci ou le prochain.

"S’ils ont les moyens de ces plantureuses augmentations pour quelques-uns, alors ils les ont aussi pour éviter à tous les autres de gagner moins! Sinon, qu’ils ne s’étonnent pas que leurs employés grincent des dents et se sentent démotivés" critique Raphaël Thiémard, responsable syndical. Dernier coup de grâce pour les salariés : une baisse de 25% de leur prime annuelle, comme l'a souligné Business Montres.

La DRH quitte le comité de direction

Face au tollé, le groupe a décidé de déminer la situation. "Cette hausse des rémunérations du comité de direction dépend de décisions prises il y a un an, bien avant la pandémie" explique une porte-parole au Temps. "En mai 2019, ses membres se sont vu attribuer davantage d’actions de performance et options. Ce choix visait à garantir l’attractivité de la compagnie en tant qu’employeur." Des actions, pas de cash donc. L'entreprise précise aussi que, "depuis avril, le président du conseil d’administration, Johann Rupert, a réduit son salaire de moitié, alors que les membres du comité de direction ont abaissé le leur de 20%, et ce jusqu’à nouvel ordre."

Enfin, concernant le chômage partiel, le groupe assume de ne plus le compenser à la même hauteur qu'auparavant, rappelant que l'activité a repris et donc que le chômage partiel sera moins important.

De quoi clore l'affaire ? Visiblement non. Ce vendredi, Richemont a annoncé que la directrice des ressources humaines, Sophie Guieysse, quittait le comité de direction avec effet immédiat.

Thomas Leroy