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Engie prêt à vendre une partie de ses métiers de services

Le conseil d’administration lance une revue stratégique de ses activités de services à l’énergie. Le groupe souhaite se désengager d’une large partie qui a souffert pendant la crise.

C’est l’heure du premier bilan pour Engie. Les activités de services à l’énergie ont beaucoup souffert pendant le confinement et la reprise reste inégale. Dans les métiers liés au BTP et à la construction, les chiffres d’affaires ont chuté de plus de 50%. Seules les services adossés à des réseaux d’infrastructures ont bien résisté. Dans ce contexte, Engie a décidé de se lancer dans une vaste revue stratégique de ses activités de services à l’énergie. Le conseil d’administration du jeudi 30 juillet planchera sur le sujet et étudiera différentes options, assez radicales. « Il y a des discussions au sein du conseil sur les services » se contente de confirmer la direction du groupe.

« On a besoin de comprendre tout ce qu’il y a dans le groupe car c’est une boite noire » explique un dirigeant. Une pique lancée à l’ancienne patronne Isabelle Kocher, débarquée fin février, qui avait multiplié les acquisitions depuis quatre ans, sans véritable stratégie. Réseau de chaleur, climatisation, entretien de bâtiments mais aussi gestion de parking… l’univers des services s’est trop élargi chez Engie sous son mandat. « Certains métiers sont très éloignés de l’énergie, précise un cadre, on a même une filiale qui gère des musées ! » (Culturespaces, ndlr).

Conserver les services liés aux réseaux

En mai, Engie avait déjà annoncé qu’il envisageait de se retirer de 25 pays d’ici un an la vente d’une dizaine de filiales « périphériques » comme Endel qui réalise de la maintenance pour les centrales nucléaires d’EDF. Mais depuis, Engie a accéléré ses réflexions. Le pôle service qui fait partie du cœur de la stratégie du président Jean-Pierre Clamadieu, risque une forte restructuration.

Selon plusieurs sources, Engie a mandaté plusieurs banques d’affaires et cabinets d’avocats pour étudier une scission des métiers de services à l’énergie. La distinction est faite entre les activités de services « purs » et celles liées à des infrastructures. Ces dernières, assises sur des contrats de long terme, ont mieux résisté. Elles seront conservées par Engie. Parmi elles, on trouve par exemple la compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), détenue avec la Mairie de Paris, ou les activités de services liées à des infrastructures de réseaux de chaleur ou de froid. On y trouve aussi des contrats de long terme de construction et d’exploitation de bâtiments pour des universités américaines par exemple.

Plusieurs scénarios à l'étude

Mais les « services purs » ont beaucoup souffert pendant la crise. Ils sont logés dans des sociétés comme Ineo qui propose des services de ville intelligente (smart city) autour des réseaux électriques, la vidéo surveillance ou la sécurité, ou Axima pour le génie climatique, la réfrigération ou encore la protection incendie. Selon plusieurs sources, les banques conseil d’Engie travaillent sur plusieurs scénarios autour du regroupement de ces activités non-stratégiques qui semble le point de départ.

Ensuite, elles pourraient être vendues à un industriels du BTP ou un spécialiste des service comme Spie. Engie pourrait aussi ouvrir leur capital et y faire entrer un partenaire. Enfin, elles pourraient être scindées de la branche service pour être introduites en Bourse. Une opération qui les valoriserait autour de 4 milliards d’euros. « On n’en est pas là ! » assure-t-on dans l’entourage d’Engie. Ces métiers pourraient aussi intéresser des industriels du BTP ou des spécialistes des services comme Spie.

Revue stratégique permanente

Reste une dernière inconnue de taille : que faire de Cofely ? Cette société de près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires est l’une des perles d’Engie. Mais certains de ses nombreux métiers, purement contractuels, ont souffert pendant la crise. « Il n’est pas question de découper Cofely, tranche une source proche du groupe avant de couper court : tout ceci est prématuré ».

Cette réflexion laisse toutefois perplexe beaucoup de salariés qui se lassent de ces revues stratégiques permanentes sans réelles décisions. « Le conseil multiplie les schémas financiers, après avoir voulu se séparer des réseaux gaziers, il envisage maintenant de faire le ménage dans les services, déplore un représentant de la CGT. Sans oublier le financement du nucléaire en Belgique qui n’est toujours pas réglé ». En plus de se chercher un nouveau patron, qui devrait être choisi à la rentrée, Engie est surtout en quête d’une stratégie.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business