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Entre Blablacar et Heetch, MaPool lance le co-motorage parisien

Si chez MaPool, les 125 cc sont légion, le service dispose de quelques grosses cylindrées, parmi lesquelles des Harley, même si le constructeur américain évite que ses engins soient utilisés pour le transport de personnes.

Si chez MaPool, les 125 cc sont légion, le service dispose de quelques grosses cylindrées, parmi lesquelles des Harley, même si le constructeur américain évite que ses engins soient utilisés pour le transport de personnes. - Blog MaPool

À Paris en moto, on dépasse les autos. C’est sur ce refrain que MaPool, une startup de co-motorage va tenter de séduire les Franciliens sans gêner les motos-taxis professionnels .

Ça roule, ma poule! Le jeu de mots est tentant et c’est pour créer ce buzz que le nom a été choisi pour cette start-up d'un nouveau genre créée à l'été 2015 par Olivier Czapka et Pierre Chiquet. MaPool - Map pour cartographie et Pool pour communauté - s’inspire des expériences qui ont révolutionné le transport urbain. Mais, cette fois, au lieu de voitures, il s’agit de motos. Une première.

MaPool propose aux motards de réaliser des courses à bas prix, par des particuliers pour des particuliers, dans toute l'Ile-de-France. Mais pas question d'évoquer UberPop. Olivier Czapka indique avoir "travaillé d'arrache-pied pendant un an pour créer un vrai service de co-motorage en temps réel adapté à la ville qui ne soit en aucun cas assimilable à du VTC."

12 euros pour une balade en moto de 20 minutes

Le service parisien s’appuie sur une appli de géolocalisation avec un dispositif de mise en relation et un système de paiement en ligne. Et comme Heetch, la start-up mise sur des courses à prix plancher pour séduire les clients. Pour un trajet de 20 minutes dans Paris, la facture s’élève à une douzaine d’euros contre une quarantaine avec une moto taxi.

Pour éviter de tomber dans l'illégalité, Olivier Czapka ne parle pas de revenus, mais de contribution. Quant aux motards, ils ne peuvent gagner plus que les frais annuels de leur engin afin d’éviter la professionnalisation du service. Côté clients, la sémantique est la même. MaPool ne facture pas, il conseille un prix basé "sur une moyenne de ce qu’ont payé les clients pour un trajet équivalent".

Pour devenir chauffeur, "il suffit de s’inscrire", indique la plateforme en précisant ses conditions de sélection. Il faut être "sympa, être assuré, disposer d’un permis de conduire à jour". MaPool n’impose aucune condition d’ancienneté pour le permis mais chaque candidature est vérifiée avant d'être validée. "Nous rejetons beaucoup de candidats", affirme le dirigeant.

Quant à l’engin, c’est au minimum une 125 cc "propre et en bon état". Ainsi, si une grande partie du parc se compose de petites cylindrées, MaPool dispose aussi de quelques grosses motos, plus à même d'effectuer de longues distances comme les trajets aéroports. Et pour les amateurs, il y a même quelques Harley alors que la marque refuse que ses modèles soient utilisés par les taxis à deux roues.

Le grand public, un marché ignoré par les motos-taxi

Une guerre va-t-elle démarrer entre MaPool et les services de motos taxis comme celle qui oppose encore les taxis et les VTCistes? La start-up a tout fait pour éviter un conflit. "Nous avons rencontré plusieurs sociétés pour leur présenter notre projet et aucune ne nous a vus comme un concurrent parce que nous ne visons que le grand public." Un détail qui a son importance.

"C’est un service totalement différent du nôtre. Nos clients sont à 99% des professionnels et MaPool vise un marché qui pour nous a peu d’intérêt", confirme Cédric Shimodaira, fondateur-associé de MotoCab, l’une des sociétés les plus importantes à Paris.

Par contre, il émet quelques réserves sur MaPool qu’il compare plus à UberPop qu’à Blablacar. "Les chauffeurs sont des particuliers, ils n’ont ni carte, ni assurance professionnelle. En cas d’accident, ce qui arrive en deux-roues, ça peut poser un vrai problème. Comme les VTC ou les taxis, nous sommes dans une activité réglementée. Nous ne ferons rien pour les gêner, mais ça pourrait finir comme UberPop." Ce service a été arrêté en 2015 et condamné pour "pratique commerciale trompeuse". Ce sera aux autorités d'en décider. Pour le moment, après six mois d'existence, MaPool a su éviter, comme Heetch, ces nids de poule qui pourraient le déséquilibrer.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco