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Equiper en masques leurs salariés, un casse-tête pour les entreprises

Le Premier ministre a "invité" les entreprises à distribuer des masques aux salariés, dans le cadre du déconfinement. Un investissement qui peut devenir conséquent, même si l'Etat viendra en aide aux TPE et aux indépendants.

"Combien coûte la machine pour se fabriquer les masques en interne?" Dans une petite réflexion dominicale, le patron de l'entreprise de data servers OVHcloud Octave Klaba tentait d'évaluer ce que lui coûterait d'équiper tous ses employés avec des masques.

Mardi, le Premier ministre a confirmé que les masques allaient bien devenir la norme dans les entreprises. S'il n'est pas question d'obliger mais seulement "d'inviter" les entreprises à équiper leurs salariés, le chef du gouvernement a bien laissé entendre qu'il s'agissait d'une "condition (…) de la reprise" de l'activité. Il a d'ailleurs souligné que "les régions et l'Etat mettront en place un appui aux TPE et aux travailleurs indépendants".

Reste que le coût sera loin d'être anodin pour les PME, les ETI et les plus grands groupes. Octave Klaba l'évalue à 1,5 million d'euros pour son entreprise, en se basant sur un tarif d'1,5 euro par masque.

"Accessible à la majorité des Français"

En réalité, il est particulièrement difficile d'évaluer le prix moyen d'achat d'un masque, qui peut varier de quelques centimes à quelques euros pièce. D'abord, quel masque? Chirurgical? FFP2? Le coût est bien supérieur pour le second. Surtout, les prix des grossistes ont explosé, en raison du pic de l'épidémie. En revanche, dans les mois qui viennent, le coût devrait mécaniquement baisser en raison de la très forte production qui est en train de se mettre en place un peu partout dans le monde.

Cdiscount a, de son côté, commencé à vendre la semaine dernière 60 millions de masques aux TPE et PME, au prix de 75 centimes l'unité (avec un minimum de 50 masques par commande).

Déjà, le gouvernement travaille sur "le prix à l’usage, pour faire en sorte qu’il soit accessible à la majorité des Français", indiquait la secrétaire d'Etat à l'Économie Agnès Pannier-Runacher, puisque les masques doivent aussi être proposés au grand public. En revanche, les prix ne seront pas encadrés, comme pour le gel hydroalcoolique, pour ne pas "freiner l'innovation."

Masques réutilisables

Mais ces masques seront des masques réutilisables et non des masques chirurgicaux ou des FFP2. "Pour avoir une idée du prix, il faut rapporter le prix du masque textile réutilisable au nombre de lavages. Un masque à 1,50 euro lavable 30 fois, c'est un masque qui revient à 5 centimes l'usage" indiquait encore Agnès Pannier-Runacher dans Les Echos. De quoi faire baisser la note globale si les entreprises doivent sortir le chéquier.

Mais il y a un autre problème : la pénurie de masques. Il n'est pas sûr que toutes les entreprises parviennent à en trouver en suffisamment grand nombre pour leurs salariés. 

Reste l'option de se doter d'une véritable chaîne de production de masques. C'est par exemple le choix déjà fait par la ville de Genève, pour un coût d'environ 660.000 euros. Et il faut y ajouter le coût de la matière première, de l'électricité et de la main d'oeuvre pour la faire tourner ainsi que les frais liés au stockage des masques produits. Une dépense inenvisageable pour la plupart des entreprises mais qui pourrait finalement intéresser les grands groupes et les industriels, d'autant que l'épidémie pourrait revenir par plusieurs vagues. Déjà, sur Alibaba, des vendeurs chinois proposent des petites chaînes de production, pour un prix imbattable de près de 60.000 dollars… Mais sans garantie sur la qualité. 

Thomas Leroy