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Espagne: les cars déclarent la guerre à Blablacar

Blablacar, qui n'a jamais rencontré ce type de problème jusque-là, risque la suspension en Espagne.

Blablacar, qui n'a jamais rencontré ce type de problème jusque-là, risque la suspension en Espagne. - Kenzo Tribouillard - AFP

La start-up française de covoiturage Blablacar risque une suspension de son activité en Espagne. Les patrons de compagnies d'autocars du pays l'accusent de concurrence déloyale.

Pour les autocaristes espagnols, Blablacar ne vaut pas mieux qu'UberPop pour les taxis français. La start-up française qui facilite le covoiturage a dû se défendre jeudi de faire une concurrence déloyale aux compagnies d'autocars devant un tribunal de commerce de Madrid, pour éviter la suspension de son activité en Espagne.

La Confédération patronale espagnole des sociétés d'autocar (Confebus) reproche à Blablacar d'exercer illégalement une activité de transport routier de voyageurs, pratiquant ainsi une concurrence déloyale dans ce secteur, et réclame à la justice une suspension préventive de ses activités, le temps de l'enquête.

Cette procédure est une première pour Blablacar, forte de quelque 20 millions d'usagers dans 19 pays, dont 2,5 millions en Espagne. Le champion français du covoiturage, qui perçoit des commissions sur les voyages arrangés, nie être un moyen de transport. Il se définit comme un "réseau social qui met en lien des particuliers voyageant vers une même destination, en ne partageant que les frais de voyage, et sans but lucratif de la part de ses utilisateurs".

Blablacar peut-elle jouer les intermédiaires?

"Les normes doivent s'appliquer à tout le monde", a insisté l'avocat de Confebus, arguant que Blablacar ne pouvait ni "faire payer pour l'usage d'un véhicule personnel", ni "jouer les intermédiaires". La société française ne fait que réaliser une "prestation de services électroniques de traitement de données et de transmission d'information", a rétorqué l'avocate de Blablacar. "Il n'y a pas de prestation de services 'offline', ni de flotte de véhicules", a ajouté Maître Guillermina Ester-Rodriguez.

Le même tribunal de commerce avait prononcé en 2014 à la demande des taxis espagnols, la suspension préventive du service de réservation de véhicules avec chauffeur de l'américain Uber. Mais entre Blablacar et Uber, "les procédures sont différentes", a expliqué un porte-parole du tribunal. "Le juge a prononcé la suspension sans prendre en compte la position d'Uber car la société n'avait pas de résidence fiscale en Espagne", alors que Blablacar en possède une.

Fin septembre, Blablacar a annoncé avoir levé 200 millions de dollars (177 millions d'euros), rejoignant ainsi le club très fermé des start-up non cotées en bourse évaluées à plus d'un milliard de dollars, autrement appelée "licorne".

N.G. avec AFP