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Et si on publiait le CV de ses échecs?

"C'est ce qu'a fait Johannes Haushofer, un professeur de psychologie de l'université de Princeton. Et c'est la publication qui, de tout ce qu'il a produit dans sa carrière, lui a rapporté le plus d'attention. "

Et si on arrêtait de vouloir à tout prix cacher ses échecs professionnels? Un licenciement, une faillite, un projet qui a capoté? Et si au lieu de les masquer, on s'en vantait? C’est ce qu’a fait un professeur américain de l’université de Princeton. Johannes Haushofer, spécialiste de la psychologie, a publié sur sa page du site de l'université un CV un peu spécial, la liste de tout ce qu’il a tenté et raté. Les écoles qui n’ont pas voulu de lui, les postes et les bourses qu’il n’a pas obtenus, ses articles qu'aucune revue n'a voulu publier.

Alors, est-ce qu'il faut remplacer son CV traditionnel par un "CV de ses échecs"? Non, les candidatures trop originales ont trop peu de chances de fonctionner selon les cabinets de recrutement. Ce qu'il faut en retenir, c'est que les échecs se valorisent.

Parler de son travail qui n'a pas porté ses fruits

Johannes Haushofer ne cherchait pas un emploi. Il a déjà son poste à Princeton. Il voulait juste faire connaître son travail non récompensé. Ses articles jamais publiés, ses dossiers de candidature, quand bien même ils n'ont débouché sur rien, il les a quand même écrits!

Et la tentative a fonctionné: il raconte que ce CV d’échecs lui a apporté plus d’intérêt, plus d'attention de ses collègues, ses chefs, des médias que tout ce qu’il a publié, dans toute sa carrière!

Pourquoi l'échec intéresse autant? Parce que c’est "le secret du succès", selon James Dyson. L'inventeur de l’aspirateur sans sac sait de quoi il parle: pour mettre au point son aspirateur révolutionnaire, il lui a fallu plus de 5.000 essais. 5.126 tentatives infructueuses avant la bonne, la 5.127ème. Son nouveau sèche-cheveux, c’est seulement 60 prototypes.

On ne jette pas le bébé avec l’eau du bain

Alors quand on a juste l’échec, et pas encore le succès, qu'est-ce qu'on fait? On ne lâche pas ses idées qui n’ont pas marché. Le laboratoire Eli Lilly organise chaque mois des “fêtes du ratage”, des soirées entre employés pendant lesquelles on s'intéresse aux produits qui n’ont pas fonctionné sous tous les angles, pour voir comment ils auraient pu devenir des succès.

La démarche est certes très américaine, mais la tendance existe aussi en France. Tous les mois sont organisées des "fuck ups nights", des "Failcons", des fêtes du rebond. Des centaines de participants, des entrepreneurs, s'y retrouvent à chaque édition. Le signe qu'en France, le tabou de l’échec semble bien en voie de disparition.

Nina Godart