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Assurance Banque

Etre obligé de payer pour prêter de l'argent, une situation aberrante

La Suisse a emprunté à 10 ans à des taux négatifs, une première.

La Suisse a emprunté à 10 ans à des taux négatifs, une première. - Alessandro Della Bella - AFP

Pour notre spécialiste Marc Fiorentino, le fait que la France, l'Allemagne ou la Suisse puissent emprunter à des taux négatifs n’est pas du tout une bonne nouvelle. Explications.

La Suisse est devenu, mercredi 8 avril, le premier pays à emprunter à 10 ans à des taux négatifs, un fait inédit dans l’économie mondiale. Et d’une manière générale, ce phénomène gagne rapidement du terrain. L’Allemagne emprunte déjà à des taux négatifs pour les prêts de 7 ans et moins. Et de la France aux Pays-Bas, en passant par la Finlande, on ne compte plus les pays qui empruntent à des taux négatifs à 2 ans.

L’intervention de la Banque Centrale Européenne, par la mise en place d’un vaste programme de rachat d’actifs, a depuis un mois accéléré les choses. Cette situation n’est pas sans conséquence. Les investisseurs sont désespérément en recherche d’alternatives, et se battent pour des actifs à rendement même légèrement positifs. On assiste également à un effondrement des taux d’emprunt pour les particuliers, surtout pour les prêts immobiliers.

Des crédits à taux négatif même pour les particuliers

Les pays scandinaves, eux, sont très à la pointe en matière de taux négatifs. Les banques centrales de Suède et du Danemark comptent en effet parmi les plus agressives au monde. Au Danemark, la banque centrale a ainsi baissé quatre fois son taux de dépôt depuis le début de l’année. Il s’agit d’un record mondial, puisque celui-ci pointe désormais à -0,75%.

Actuellement, les banques scandinaves commencent à répercuter des taux d’intérêts négatifs sur les comptes courants des particuliers et des entreprises. Même les taux appliqués au crédit ne sont pas épargnés. Au Danemark, un particulier a ainsi fait la une des journaux pour avoir obtenu un crédit à 3 ans à - 0,0172%.

A force d'en parler, on s’habitue aux taux bas ou négatifs. Et on ne se rend pas compte de la situation aberrante que nous vivons: il faut payer pour placer son argent et on gagne de l’argent en empruntant. Nous sommes en territoire totalement inconnu. Bienvenue sur la planète des banques centrales.

Marc Fiorentino