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Eurotunnel demande une indemnisation pour gérer l'afflux de migrants

Les migrants afflux entre la France et le Royaume-Uni.

Les migrants afflux entre la France et le Royaume-Uni. - Philippe Huguen - AFP

Eurotunnel doit faire face à l'afflux de migrants qui passent par le tunnel sous la Manche. Le groupe demande donc  9,7 millions d'euros aux gouvernements français et britannique pour compenser ses pertes.

Eurotunnel a besoin d'un petit coup de pouce. Le groupe demande une indemnisation de 9,7 millions d'euros aux gouvernements français et britannique, pour compenser ses dépenses et perte d'exploitation liées à l'afflux de migrants qui tentent de rallier la Grande-Bretagne via le tunnel sous la Manche.

"Au premier semestre, 13 millions d'euros ont déjà été engagés (pour les dépenses de sécurité), équivalent à la totalité dépensée sur l'année 2014", indique le groupe, qui souligne que les textes prévoient qu'"une partie (de ces dépenses) pourra être prise en charge par les Etats" qui lui ont concédé l'exploitation du tunnel, et précisant que "le gouvernement britannique s'est déjà engagé à prendre 4,7 millions d'euros en charge sur l'année 2015".

"Nous continuons à assurer une forme d'étanchéité du tunnel sous la Manche par rapport au passage des migrants en Grande-Bretagne, puisque le nombre de migrants interceptés par les forces britanniques se comptent sur les doigts de la main. L'essentiel est intercepté en France. Cela a un coût", a déclaré le PDG d'Eurotunnel, Jacques Gounon, lors de la présentation des résultats semestriels du groupe.

Sur les 9,7 millions réclamés, environ deux tiers correspondent à des dépenses supplémentaires, comme de nouvelles barrières empêchant les migrants de s'introduire dans le tunnel ou les camions tandis que le tiers restant est une perte d'exploitation.

"S'il y avait plus de forces de contrôle, ça irait beaucoup plus vite"

Jacques Gounon a expliqué que "quand on identifie (...) la présence de migrant sur une navette, on arrête la navette, c'est d'ailleurs le règlement ferroviaire qui nous l'impose, et il est procédé à la fouille de la navette. Je rappelle qu'une navette c'est 800 mètres de long, quatre TGV l'un derrière l'autre".

"Donc vous voyez qu'à ce moment-là, surtout quand il y a insuffisance en nombre des policiers, la nuit, le temps que ça prend. Et donc la navette est bloquée avant de pouvoir repartir, et ça représente évidemment des pertes d'exploitation dont nous demandons la compensation à l'Etat, parce que s'il y avait plus de forces de contrôle, ça irait beaucoup plus vite", a-t-il continué. Le groupe estime que le nombre de migrants à Calais est largement sous-estimé, et, par conséquent, les forces de l'ordre, insuffisantes.

Pour Jacques Gounon, "il est évident qu'il n'y a pas assez de forces de l'ordre. Je crois que le ministre de l'Intérieur a récemment dit qu'il y avait 2.000 migrants dans la +jungle+ à Calais, toutes les personnes locales savent qu'on est plutôt à 5.000". Eurotunnel avait déjà formulé une telle demande au début des années 2000, "pour des nombres de migrants moins importants qu'aujourd'hui", a souligné Jacques Gounon. Le groupe avait obtenu gain de cause, et la Cour permanente d'arbitrage de La Haye avait estimé son préjudice à 24 millions d'euros.

D. L. avec AFP