BFM Business
Culture loisirs

Exclu BFM Business: Netflix veut produire une série française

Produire une série française permettra au Californien de s'intégrer dans le paysage hexagonal

Produire une série française permettra au Californien de s'intégrer dans le paysage hexagonal - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le Californien veut commander une série française pour la diffuser uniquement auprès de ses abonnés français. Il a contacté en ce sens de nombreux producteurs de télévision hexagonaux.

Aux Etats-Unis, Netflix s'est lancé il y a deux ans dans la production de séries originales réservées uniquement à ses abonnés: c'est la fameuse série House of cards.

Le Californien entend faire de même en France -toutes proportions gardées. Il veut commander une série originale réservée aux abonnés de son futur service français. Il a pris contact en ce sens avec de nombreux producteurs de télévision hexagonaux, de toutes tailles.

Selon ces producteurs, Netflix n'a pas d'idée préconçue sur cette série, et a demandé aux producteurs de lui soumettre des projets. Etant donné les délais de production, la série ne devrait pas être prête pour le lancement français de Netflix attendu cet automne. Mais elle pourrait au moins être annoncée lors de ce lancement.

Faire d'une pierre trois coups

Une telle démarche reste inédite pour Netflix. En effet, le service de vidéo-à-la-demande a certes produit plusieurs séries aux Etats-Unis, mais il n'avait jamais commandé de série locale dans les sept pays européens où il s'est déjà lancé.

Mais il ferait ainsi d'une pierre trois coups. D'abord, un tel contenu local serait susceptible d'attirer le public français. Cela s'ajoutera au catalogue de fictions françaises que le site est en train de constituer: selon Challenges, il a contacté notamment Studiocanal, Pathé, UGC, Gaumont et Lagardère.

Bien sûr, la force de Netflix réside dans son catalogue de fictions américaines. "Mais en France, les droits de bon nombre de séries américaines à succès sont détenus ou gelés par les chaînes de télévision qui les diffusent. Il ne serait donc pas surprenant que Netflix commande une série locale", explique le consultant Pascal Lechevallier, ancien patron de TF1 Vision.

Nulle part ailleurs

De plus, une telle commande a aussi un intérêt politique, car le débarquement de l'Américain en France suscite une levée de boucliers qui ne s'est produite nulle part ailleurs. Face à cette opposition inédite, il est donc logique que Netflix adopte une stratégie particulière.

En pratique, commander une série locale permettra de mettre dans sa poche les producteurs locaux, et de montrer au gouvernement une volonté d'investir dans l'Hexagone.

Heureux hasard, un tel projet rejoindrait les souhaits exprimés par Aurélie Filippetti, qui veut "sensibiliser Netflix à l'intérêt pour lui de participer à notre écosystème. [...] Netflix a vraiment tout intérêt à être coopératif avec le monde du cinéma et de l'audiovisuel français. Il a besoin de contenus locaux pour développer une offre susceptible de plaire au public français", a déclaré au Figaro la ministre de la Culture, après son rendez-vous avec Netflix lundi 24 mars.

Interrogé, Netflix n'a pas répondu.

Le titre de l'encadré ici

|||Aurélie Filippetti change de discours

Netflix n'a toujours pas annoncé s'il proposera son service français depuis la France ou le Luxembourg. Mais sur ce point, le discours de la ministre de la Culture a radicalement changé.

Il y a deux mois, elle menaçait: "s'il veut s'installer ici, Netflix doit se plier à nos régulations. Netflix doit être un acteur supplémentaire du système, pas un passager clandestin qui profite sans abonder la création française. [...] Je suis persuadée que Netflix jouera la carte de la légalité et ne se comportera pas en pirate. Sinon, tout un arsenal de mesures est à notre disposition: la directive SMA [services de médias audiovisuels] va être réouverte. Une réponse législative pourra aussi être envisagée".

Aujourd'hui, son discours s'est adouci: "je ne m'oppose pas à l'arrivée de Netflix chez nous. Il n'est pas question de leur fermer la porte. [...]  Aucune contrainte ne peut s'appliquer pour faire venir chez nous tel ou tel acteur. C'est le principe [européen] de libre établissement qui doit prévaloir".

Assez probablement, le gouvernement s'est rendu compte que Netflix avait tout à fait le droit de proposer son service depuis le Luxembourg...

Jamal Henni et Simon Tenenbaum