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EXCLUSIF - Pernod Ricard va retoucher sa gouvernance

Le PDG de Pernod Ricard fait face à l'entrée du fonds activiste Elliott.

Le PDG de Pernod Ricard fait face à l'entrée du fonds activiste Elliott. - MAXIM SHEMETOV / POOL / AFP

Après l’entrée à son capital du fonds américain Elliott, le PDG Alexandre Ricard va retoucher le conseil d’administration du groupe de spiritueux. L’ancien patron Pierre Pringuet prépare son départ.

Pernod Ricard n’a pas perdu de temps. Un mois après l’entrée à son capital d’Elliott, le groupe de spiritueux répond à ses doléances. Mardi, une nouvelle réunion a eu lieu entre le PDG Alexandre Ricard et des dirigeants du fonds activiste. Face à un actionnaire -qui détient 2,5%- menaçant de remettre publiquement la pression sur le conseil d’administration, la direction de Pernod Ricard va faire évoluer sa gouvernance. Elliott la juge trop à la main de la famille Ricard. Le sujet sera abordé lors du prochain conseil d’administration mercredi prochain, le 23 janvier. Des décisions seront annoncées dans les prochaines semaines.

Selon nos informations, plusieurs départs d’administrateurs se profilent dans les mois qui viennent. D’abord celui du vice-président, Pierre Pringuet, qui a été directeur général de Pernod Ricard de 2008 à 2015. Âgé de 68 ans, il devrait dans un premier temps abandonner sa fonction de vice-président et prendre du recul. Il pourrait même quitter le conseil du groupe « d’ici la fin de l’année » selon un proche. Très lié à la famille fondatrice, Pierre Pringuet a été le bras droit de Patrick Ricard pendant douze ans.

Desserrer l'emprise de la famille

En contrepartie, Patricia Barbizet, ancien patronne de la société familiale des Pinault et qui vient de rejoindre le conseil de Pernod Ricard devrait en devenir la référente. Cette première évolution semblait « déjà dans les cartons » de la direction de Pernod Ricard. « Depuis 2015, le groupe améliore sa gouvernance et nous continuerons d’annoncer d’autres évolutions » se contente un porte-parole du groupe qui n’a pas souhaité commenter plus précisément nos informations. Mais ces retouches ont sans aucun doute été accélérée par l’arrivée du fonds activiste Elliott.

Une deuxième vague de départ interviendra ensuite. L’administratrice Martina Gonzalez-Gallarza devrait aussi quitter le conseil, même si la décision n’a pas encore été formellement prise. Son départ est clairement un début de réponse aux critiques d’Elliott qui demandait à ce que la famille Ricard desserre son emprise sur la gouvernance du groupe. Si Martina Gonzalez-Gallarza n’est pas de la famille, elle y est liée par un pacte d’actionnaires qui ajoute ses 0,5% du capital et 1% de droits de vote aux 14,2% du capital et 20% des droits de vote des Ricard. Une proximité héritée de son père Rafael Gonzalez-Gallarza, qui était ami avec Patrick Ricard, l’oncle du PDG actuel Alexandre Ricard. Si l’effort ne sera sûrement pas jugé suffisant par Elliott, il est un geste symbolique d’écoute du groupe et de volonté de créer un climat d’échange plutôt que de conflit.

D'autres départs en 2020?

Enfin Nicole Bouton, femme de l’ancien PDG de la Société Générale Daniel Bouton devrait, elle aussi, quitter son poste d’administratrice. Son mandat se termine à la prochaine assemblée générale. Le fonds Elliott demande que des profils plus internationaux et connaisseurs du secteur soient nommés à la place. D’autres départs pourraient aussi intervenir l’an prochain.

En 2020, deux autres administrateurs verront leur mandat prendre fin et donc potentiellement remplacés. Notamment celui de César Giron, un cousin du PDG, Alexandre Ricard. Le patron de Martell Mumm Perrier-Jouet est surtout un poids lourd de la famille Ricard. « D’ici deux ans, le conseil d’administration aura beaucoup changé » assure un proche du groupe. Mais pour son actionnaire remuant Elliott, deux ans c’est trop long…