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Exclusif: Slate lève 2 millions d'euros auprès de BNP et LVMH

La liste des actionnaires publiée par le site omet de citer Pierre Leroy (co-gérant de Lagardère) et LVMH

La liste des actionnaires publiée par le site omet de citer Pierre Leroy (co-gérant de Lagardère) et LVMH - -

LVMH (propriétaire des Echos) et Pierre Leroy (co-gérant du groupe Lagardère) ont chacun investi 300.000 euros dans le site d'information. Deux actionnaires sur lesquels Slate n'a jamais communiqué...

Slate a de nouveaux actionnaires. Le site d'information a discrètement levé 2,1 millions d'euros en deux tranches: l'une fin 2012 et l'autre en juin 2013. Cette levée de fonds s'est faite sur une valorisation de 10,3 millions d'euros.

A cette occasion, Slate a fait rentrer à son capital deux nouveaux actionnaires: LVMH (qui a investi 300.000 euros) et le journaliste Philippe Tesson (qui a mis 100.000 euros).

Interrogé, le directeur général Eric Leser explique: "dès 2008, lors de la création du site, nous avions contacté Les Echos [propriété de LVMH] pour investir dans Slate. Mais lorsque la crise a éclaté, ils ont finalement renoncé".

Equilibre opérationnel promis pour 2013

Le reste des fonds a été apporté par des actionnaires déjà présents: BNP Paribas Développement (qui a apporté 200.000 euros) et la Financière Viveris, un fonds qui utilise la déduction de l'ISF des investissements dans les PME (qui a apporté 1,5 million d'euros).

Ces levées de fonds étaient nécessaires, car l'argent levé précédemment a été dépensé (la trésorerie s'élevait à 536.000 euros fin 2012).

En outre, le site est en retard sur son plan d'affaires, qui prévoyait d'atteindre le point mort en 2012. Mais Eric Leser promet d'être "proche de l'équilibre opérationnel en 2013". Il ajoute que les pertes nettes de 2012 (-1,3 million d'euros) s'expliquent notamment par une provision de 700.000 euros passée pour déprécier à quasiment zéro la participation de 66% détenue dans Slate Afrique. L'autre actionnaire de cette filiale africaine est Orange, qui, en 2012, a investi 652.000 euros pour prendre 34% du capital. Simultanément, l'ex-France Télécom a aussi repris la régie publicitaire de Slate.

Le co-gérant de Lagardère apporte 300.000 euros

Au total, la Financière Viveris a investi 3 millions d'euros dans le site, et BNP Paribas Développement un million d'euros, dont l'essentiel (880.000 euros) sous la forme d'obligations convertibles en actions fin 2018. Si le fonds de la BNP convertit effectivement ces obligations en actions, alors il montera jusqu'à 20% du capital environ.

Les autres actionnaires du site sont le Washington Post (propriétaire de la version originale de Slate), les fondateurs (Jean-Marie Colombani, Eric Le Boucher, Jacques Attali, Eric Leser et Johan Hufnagel), mais aussi Pierre Leroy. Le co-gérant du groupe Lagardère a investi 300.000 euros, et est membre du conseil de surveillance du site. Eric Leser explique: "lors de la création du site, nous avions aussi approché Lagardère, qui a finalement renoncé à investir dans Slate. Mais Pierre Leroy était convaincu du projet, et a donc investi a titre personnel".

Des actionnaires mystérieusement omis

Reste un mystère: pourquoi la liste des actionnaires publiée sur le site dans la rubrique Qui sommes nous? ne mentionne ni LVMH ni Pierre Leroy, ce dernier étant pourtant présent depuis quatre ans et demi... Et lorsqu'un article du site évoque LVMH, ou Lagardère, ou encore Pierre Leroy, l'article ne précise nullement que LVMH et Pierre Leroy sont actionnaires.

Interrogé, Eric Leser répond: "nous ne voyions pas l'intérêt de communiquer là-dessus. Ce sont de petites participations. Et l'important est que les fondateurs gardent le contrôle avec le Washington Post ".

Toutefois, il y a un an et demi, Eric Leser tenait un discours différent: "la véritable indépendance ne consiste pas à la proclamer en permanence et à la porter en bandoulière. Elle consiste à ne pas dépendre d'intérêts économiques cachés [...] Pour répondre à cet impératif, nous sommes totalement transparents sur la composition de notre capital, le nom et la nature de nos actionnaires (vous pouvez consulter Qui sommes nous?)".

Interrogés, le porte-parole de LVMH et Pierre Leroy n'ont pas répondu.

Jamal Henni