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Exclusif - Stéphane Courbit et M6 s’intéressent à la privatisation de FDJ

FDJ doit investir dans les jeux en ligne

FDJ doit investir dans les jeux en ligne - JOEL SAGET / AFP

Les députés ont entamé l’étude du projet de loi qui va encadrer l'introduction en bourse de l’entreprise publique. Stéphane Courbit regarde le dossier depuis de nombreuses années. Les groupes de médias peinent à être séduits.

Le bal des prétendants est lancé. La privatisation de la FDJ (Française des Jeux) arrive sur les bancs de l’Assemblée nationale ces jours-ci dans le cadre de la loi Pacte du ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Elle a été étudiée en commission spéciale à la fin de la semaine dernière avant d’être débattue en séance publique en fin de semaine. L’Etat choisi une introduction en Bourse de FDJ pour céder environ 45% de son capital dont entre 4% et 5% à ses salariés comme le prévoit la loi Pacte. Le solde sera réparti entre les particuliers et des investisseurs.

Déjà, en coulisse, les industriels du secteur travaillent à une opération attendue depuis dix ans. Les représentants des opérateurs de jeux en ligne, ainsi que Betclic ou Unibet, ont rendu visite aux députés de la majorité pour s’enquérir des projets gouvernementaux. « Les acteurs du secteur veulent savoir comment va évoluer la législation notamment pour proposer de nouveaux jeux en ligne qui leur sont aujourd’hui interdits », explique Olga Givernet, députée La République en Marche, qui suit la privatisation. L’opération sera accompagnée d’une évolution de la régulation. « Peu importe qui entrera au capital de FDJ, l’important est d’encadrer son monopole pour les 25 prochaines années afin d’éviter des dérives, et garantir la protection des joueurs et des mineurs » ajoute-t-elle.

Betclic comme monnaie d’échange

Parmi eux, des industriels s’intéressent au sujet depuis plusieurs années. Et le premier d’entre eux est Stéphane Courbit. Le propriétaire des jeux en ligne Betclic a toujours été intéressé par une privatisation de la FDJ. Selon plusieurs sources, il a multiplié les contacts auprès des différents acteurs du dossier ces derniers mois. D’abord les parlementaires. Mais aussi les buralistes, le premier partenaire de l’entreprise, qui vendent ses jeux partout en France. « Il cherche à connaitre les intentions des uns et des autres pour se positionner ensuite » explique une source.

Dans son entourage, on explique que Stéphane Courbit « s’intéresse aux conséquences de la privatisation sur le secteur des jeux, notamment la fiscalité et la régulation ». Mais ses ambitions sont en réalité bien plus grandes. « Sa préoccupation est clairement de devenir actionnaire de FDJ », tranche un homme d’affaires qui le connait bien. Une option consisterait à le voir prendre symboliquement quelques petits pourcents du capital de FDJ si l’Etat cède des parts à des industriels. Notamment grâce à la centaine de millions d’euros qu’il a récupérée en vendant ses parts dans Direct Energie à Total.

Mais il semble surtout viser plus loin, après la privatisation. « Dans un deuxième temps, il souhaiterait apporter Betclic à la FDJ en échange d’une part importante au capital » détaille un autre proche de l’homme d’affaires. Betclic serait valorisé entre 400 et 500 millions d’euros, ce qui pourrait peser environ 15% de l’entreprise. Stéphane Courbit aurait récemment rencontré Stéphane Pallez, explique un proche.

FDJ doit investir dans les jeux en ligne

Un tel scénario aurait aussi un intérêt pour la FDJ. L’entreprise reste faible sur les jeux en ligne, un secteur qui croit de plus de 10% par an. Alors que son monopole sur les jeux de grattage et de tirage croit de quelques pourcents seulement. « D’ici deux ans, l’entreprise devra investir sur le numérique, explique un bon connaisseur du dossier. L’avenir se trouve dans les jeux en ligne ». Mais elle ne voit pas d’un très bon œil l’envie irrésistible de son concurrent Stéphane Courbit. Elle préfèrerait que des industriels du monde de la communication et des médias s’intéresse à devenir partenaire.

Mais pour le moment, seul la chaine M6 a aussi regardé le dossier, expliquent plusieurs sources du groupe de télévision et de la FDJ. Contacté, la chaine n’a pas souhaité faire de commentaires. L’idée serait de « monétiser cet investissement avec de l’espace publicitaire ou de créer des petites émissions autour des jeux » explique un bon connaisseur de M6. Son président Nicolas de Tavernost n’aurait pourtant pas été totalement séduit par le dossier. De son côté, son rival TF1 ne l’a jamais été. Son actionnaire Bouygues, par la voix de son PDG Martin Bouygues, a plusieurs fois balayé l’idée de participer à la privatisation. Et Vivendi, propriétaire de Canal+, a également réitéré qu’il n’était pas intéressé par un tel investissement. Quant à l’opérateur télécom Orange, dont certains au sein de l’Etat l’aurait bien vu investir dans FDJ, il n’a « aucune volonté de prendre une part dans la FDJ »…

Matthieu Pechberty