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F1: un modèle économique en question

Les équipes comme Mercedes, ici en photo avec la monoplace de Lewis Hamilton ont des marges de manoeuvre financières plus importantes que la grande majorité des autres équipes

Les équipes comme Mercedes, ici en photo avec la monoplace de Lewis Hamilton ont des marges de manoeuvre financières plus importantes que la grande majorité des autres équipes - Yuri Nakao - AFP

Seulement 18 voitures prendront le départ du Grand Prix des Etats-Unis ce dimanche 2 novembre, en raison des déboires financiers de Marussia et Caterham. Un problème qui braque les projecteurs sur l’ensemble du modèle économique de la discipline.

Depuis 2005, jamais si peu de monoplaces n’avaient pris part à une course. Ce dimanche 2 novembre, seulement 18 voitures s’élanceront lors du Grand Prix de Formule 1 des Etats-Unis à Austin, au Texas.

Depuis le dernier Grand Prix, deux écuries de fond de grille ont dû déclarer forfait en raison d’importantes difficultés financières. 

L’équipe britannique Caterham, auparavant 11e et bonne dernière au classement des constructeurs, a été la première à se placer sous la coupe d’un administrateur judiciaire, le 23 octobre dernier. Trois jours plus tard, l’équipe russe Marussia (9e), qui compte dans ses rangs le Français Jules Bianchi, toujours dans le coma, a fait de même. 

Et l’écurie Suisse Sauber, intercalée entre ces deux équipes, pourrait être la prochaine sur la liste.

Des petites écuries fragilisées

De fait la Formule 1 n’a jamais épargné les “petites équipes”, celles qui luttent pour ne pas sombrer dans les dernières places.

Depuis le début des années 2000, elles sont plusieurs à s'être retirées de la course: HRT (2012), Virgin (2011) Super Aguri (2008), Spyker (2007), Midland (2006)...

Ces équipes ne luttent pas à armes égales avec les autres. Le budget de Marussia et Caterham est ainsi estimé entre 70 et 80 millions d’euros soit trois fois moins que celui d’écuries aux avant-postes comme Ferrari ou encore Red Bull, qui dépasseraient les 200 millions.

Tony Fernandes, le patron déchu de Caterham, a estimé le 29 octobre dernier que le fossé financier était "trop grand” et que la F1 doit ainsi “faire son propre examen” sur ce sujet. Il n’est pas le seul à penser de la sorte. L’ex-président de la Fédération internationale automobile, Max Mosley, a jugé lundi que “la compétition n’est plus équitable”. ”Clairement aucun sport ne peut survivre quand des équipes dépensent quatre à cinq fois plus que les plus petites".

La distribution des revenus en question

Le problème est aussi à chercher du côté de la distribution des revenus. Selon Reuters, la F1 génère 1,5 milliard de dollars, dont un peu moins la moitié est redistribuée aux équipes selon des règles très complexes régies par les "accords Concorde". Ainsi, sur 750 millions de dollars, environ 50% est distribué équitablement entre les équipes. L'autre moitié est versée en fonction du classement aux championnats des constructeurs. 

A cela s'ajoute encore un bonus pour les trois constructeurs les mieux classés sur l'ensemble des trois dernières saisons, indique Forbes.

Ce procédé complexe conduit les équipes les moins performantes à obtenir moins de ressources. "Le problème est que la distribution (des revenus, ndlr) pour les équipes mal classées est loin de couvrir même les coûts basiques de participation", analyse Paolo Aversa, professeur en stratégie de la Cass Business School de Londres.

Plafonner les dépenses? 

Cet expert estime par ailleurs que "si l'on considère qu'en F1, en moyenne, une équipe par an quitte la compétition et que même les écuries qui réussissent luttent pour atteindre l'équilibre financier, nous devons nous demander si le business model de cette industrie est en réalité durable".

Sur ce point, Max Mosley est revenu lundi à la charge avec une idée qu’il défend depuis 2010: un “budget cap”, c’est-à-dire un plafonnement des dépenses. Mais jusqu’ici cette proposition n’a pas reçu d’appui au niveau des plus grandes écuries qui n'ont évidemment pas intérêt à voir cette mesure être introduite.

Julien Marion