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Face à la polémique, les patrons de Bombardier reculent sur leurs rémunérations

Bombardier est actuellement englué dans les difficultés

Bombardier est actuellement englué dans les difficultés - Clément Sabourin - AFP

Alors que l'entreprise est en grande difficulté, six hauts dirigeants du groupe canadien prévoyaient de s'augmenter de 50%. La colère du gouvernement et des syndicats les a finalement poussés à diminuer leur enveloppe de moitié.

L'état-major de Bombardier a finalement cédé. Fustigés depuis plusieurs jours en raison des hausses de 50% de leurs rémunérations alors que l'entreprise est en proie aux pires difficultés, les six hauts dirigeants du groupe canadien ont annoncé dimanche soir s'octroyer seulement la moitié de l'enveloppe initiale.

Le PDG Alain Bellemare a indiqué dans un communiqué que "plus de 50% de la rémunération totale prévue pour 2016 sera reportée à 2020". Le gouvernement du Québec, qui avait injecté un milliard de dollars américains (940 millions d'euros) fin 2015 dans Bombardier, alors au bord du gouffre, avait invité les patrons à revoir leurs ambitions en matière de rémunérations.

30 millions d'euros à se partager

Dimanche, une manifestation s'était déroulée avec quelques centaines de personnes devant le siège de l'entreprise d'aéronautique et de matériels ferroviaires à Montréal pour dénoncer les décisions des dirigeants d'un groupe qui a supprimé près de 15.000 emplois depuis 2013.

Les six plus hauts dirigeants devaient se partager une enveloppe de 40 millions de dollars canadiens (30 millions d'euros) au titre de l'exercice 2016, un bond de 50% sur un an, et alors que le groupe avait essuyé une perte de près d'un milliard de dollars.

Face aux critiques de toute la classe politique et des syndicats, le président du conseil d'administration Pierre Beaudoin avait dès vendredi renoncé à son augmentation en gardant sa rémunération à 5 millions de dollars comme en 2015.

7 millions versés en 2020

Samedi, Bombardier avait tenté d'expliquer les raisons pour laquelle ces rémunérations avaient été accordées, sans faire taire la colère ni empêcher la manifestation où le ministre des relations canadiennes Jean-Marc Fournier avait réitérer la demande du gouvernement.

"Nous souhaitons que Bombardier entende (les Québécois) et revoie sa décision", avait-il déclaré.

Quelques heures après, le PDG annonçait donc la décision de reporter à 2020 la moitié de cette hausse, ce qui signifie le maintien d'une augmentation d'environ 7 millions de l'enveloppe totale à 33 millions CAD.

Les 7 millions restants seront versés en 2020 "si l'entreprise atteint ses objectifs de performance la mettant en position d'assurer son succès à long terme", a indiqué Alain Bellemare sans néanmoins préciser ces objectifs.

"On a fait un mauvais travail de communication", a déclaré Alain Bellemare ce lundi à Radio Canada en assurant comprendre "la réaction des Québécois" face à une hausse annoncée de 50% de l'enveloppe des rémunérations des six dirigeants.

Le groupe Bombardier est englué dans les difficultés en raison des retards et des faibles commandes pour son dernier avion, le CSeries, dont le coût du programme a doublé à plus de 5 milliards de dollars.

J.M. avec AFP