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Face à la polémique, un dirigeant de Bombardier renonce à la hausse de son salaire

Pierre Beaudoin a renoncé à la hausse.

Pierre Beaudoin a renoncé à la hausse. - Clément Sabourin - AFP

La hausse des rémunérations des dirigeants du constructeur aéronautique et de matériels ferroviaires a choqué l'opinion en raison des difficultés financières du groupe. Face aux critiques, Pierre Beaudoin, le président du conseil d'administration, a préféré conserver son niveau de 2015. Les 5 autres dirigeants n'ont pas pris la même décision.

Après les critiques du gouvernement québécois, le président du conseil d'administration de Bombardier, Pierre Beaudoin, a renoncé vendredi soir à la forte hausse de sa rémunération. "Après avoir écouté les récents débats publics sur la rémunération des hauts dirigeants de Bombardier, j'ai demandé au conseil d'administration de revoir ma rémunération de 2016 en la réduisant au niveau de celle de 2015", a indiqué Pierre Beaudoin.

"J'invite le conseil d'administration (de Bombardier) à revoir sa politique de rémunération", avait déclaré quelques heures plus tôt le ministre québécois des Finances, Carlos Leitao, suite au tollé provoqué par l'annonce d'un bond de 50%, à 40 millions de dollars canadiens (30 millions d'euros), de l'enveloppe des rémunérations des six plus hauts dirigeants.

Le conseil avait alloué 6,8 millions CAD à Pierre Beaudoin, soit une hausse de 36% sur les 5 millions de 2015, année où il avait été écarté des fonctions exécutives au profit d'Alain Bellemare pour présider le conseil d'administration.

Retards et des faibles commandes

En revanche, les cinq autres dirigeants du constructeur aéronautique et de matériels ferroviaires n'avaient pas pris la même décision vendredi en fin de soirée, dont le PDG Alain Bellemare qui a reçu 12,5 millions de dollars (+47%). Ces fortes augmentations des primes avaient soulevé les critiques en raison des difficultés financières du groupe qui ont nécessité l'apport de 1,7 milliard de dollars canadiens de fonds publics. Bombardier avait en outre justifié la suppression de près de 15.000 emplois depuis 2013 par ses difficultés financières.

En 2016, année pour laquelle les augmentations ont été données aux dirigeants, le groupe a accusé une perte nette de près d'un milliard de dollars américains.

Le Premier ministre québécois Philippe Couillard avait également appelé vendredi les patrons de Bombardier à réévaluer leur décision. "Les dirigeants de Bombardier sont des Québécois comme nous et ils entendent ce que disent les Québécois. Alors je pense qu'ils vont certainement être capables d'avoir au moins une réflexion sur la question", avait-il dit. En revanche, jeudi, le Premier ministre canadien n'avait pas clairement condamné le niveau de ces rémunérations, au prétexte de "la libre entreprise et des choix que les entreprises font".

Le groupe Bombardier est englué dans les difficultés en raison des retards et des faibles commandes pour son dernier avion, le CSeries, dont le coût du programme a doublé à plus de 5 milliards de dollars. Fin 2015, le gouvernement du Québec avait injecté près de 1,4 milliard de dollars canadiens pour une participation de 49,5% dans une filiale dont la seule activité est l'avion CSeries, dont l'entrée en service commercial du premier exemplaire a été fait en juillet dernier. En février, c'était au tour du gouvernement fédéral d'accorder un prêt de 372,5 millions de dollars canadiens à Bombardier pour faciliter le développement industriel de l'avion d'affaires Global 7000.

D. L. avec AFP