Faillite de Wirecard: l'Europe veut une enquête sur la non-gestion du dossier par les autorités allemandes
L'affaire Wireline, fintech allemande cotée à la Bourse de Francfort (dont le cours a chuté de 63,74%, à 1,28 euros ce vendredi) déclarée en faillite après la révélation de malversations comptables supposées, prend une envergure européenne.
Dans une lettre envoyée jeudi 25 juin dans la soirée à Steven Maijoor, président de l'Autorité européenne de supervision des marchés financiers (ESMA), la Commission européenne demande qu'une "analyse préliminaire" du dossier soit conclue "au plus tard le 15 juillet".
Une analyse préliminaire d'ici le 15 juillet
"À ce stade, cette analyse préliminaire devrait viser à établir une description complète et une évaluation des événements, y compris l'adéquation de la surveillance à ces événements qui ont conduit à la faillite de Wirecard", est-il écrit dans la lettre de la Commission européenne.
"Nous allons faire ce travail et présenter nos conclusions", a assuré un porte-parole du régulateur européen, David Cliffe, se refusant à commenter davantage le dossier.
"Un scandale sans précédent" pour l'exécutif allemand
Soupçonnée d'avoir gonflé ses comptes avec des fonds fictifs aux Philippines, l'entreprise allemande qui emploie 6.000 salariés a déposé on bilan jeudi 25 juin. Le gouvernement allemand a dénoncé un "scandale sans équivalent dans le monde de la finance" et annoncé un durcissement des contrôles de ce secteur encore peu surveillé.
Dans un entretien au quotidien britannique Financial Times paru vendredi, le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis a déclaré que cette enquête devait déterminer "s'il y a eu des manquements en matière de surveillance et, le cas échéant", permettre "de définir une ligne de conduite possible". "Nous devons clarifier ce qui a mal tourné", a-t-il dit, alors que l'Allemagne s'apprête à prendre la présidence tournante de l'UE pour six mois le 1er juillet.
Les lacunes du gendarme allemand de la Finance
Selon les résultats de cette enquête préliminaire, il pourrait y avoir une investigation complète conduisant à la remise d'un rapport par l'ESMA, institution basée à Paris. Ce rapport énumèrerait les lacunes de la supervision et donnerait des instructions au gendarme allemand de la Finance (BaFin) pour introduire des réformes dans ses méthodes de travail.
Pour sa part, le gendarme financier britannique (FCA) a gelé les activités de Wirecard au Royaume-Uni afin de "protéger" l'argent de ses utilisateurs. La FCA dit avoir "imposé certaines contraintes à (la filiale britannique de) Wirecard notamment le fait que la société "ne peut céder aucun actif ou fonds" et lui imposant aussi de communiquer à ses clients qu'elle n'est plus habilitée à mener des opérations.
La filiale britannique de Wirecard fournit des cartes prépayées et des services de paiement pour d'autres sociétés financières plus petites