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Famille Peugeot: une stratégie industrielle contestée

La famille Peugeot pourrait s'effacer devant Géneral Motors

La famille Peugeot pourrait s'effacer devant Géneral Motors - -

La famille fondatrice du constructeur serait prête à céder le contrôle de PSA Peugeot Citroën, afin de laisser le champ libre à GM pour un partenariat renforcé. Un changement qui mettrait fin à une ère de choix stratégiques fortement critiqués.

La famille fondatrice Peugeot serait prête à laisser la main sur le groupe automobile. Selon l’agence Reuters, les Peugeot, qui détiennent 25,44% du capital de PSA et 38,07% des droits de vote, s’effaceraient devant leur partenaire General Motors.

Ce dernier, qui détient 7% du capital, pourrait alors renforcer les synergies entre les deux constructeurs et injecter de nouveaux fonds. Les discussions sont en cours et aucun des deux partis n’a confirmé l’information.

Ce changement de direction permettrait au groupe PSA Peugeot Citroën de se relancer. Car c’est aux erreurs de stratégies de la famille Peugeot que l'on attribue nombre de soucis que le groupe doit affronter. Arnaud Montebourg, après l'annonce du plan de restructuration, avait rudement mis en cause la famille fondatrice, les attribuant des faits de mensonge et de dissimulation.

Le rapport d’Emmanuel Sartorius, rédigé à la demande du gouvernement pour faire le point sur la situation réelle du groupe, avait certes employé des termes plus posés, mais les critiques avaient été tout aussi fortes.

Une production trop centrée sur l'Europe

Rater le virage de la mondialisation est le reproche le plus fréquemment formulé à l’encontre de la famille fondatrice. Contrairement à Renault, qui a très tôt fait le choix de miser sur les pays émergents, la direction de Peugeot a voulu rester centrée sur le marché européen. Un choix qui, selon Emmanuel Sartorius, " a manqué de réalisme dans la définition de ses moyens de production".

En effet, jusqu’au milieu des années 2000, le groupe a visé une production annuelle de 4 millions de véhicules, alors qu'il n'a jamais dépassé 3,6 millions. Il traîne donc depuis le début de la décennie 2000 des surcapacités devenues pénalisantes

Des actionnaires trop friands de dividendes

La gestion de la trésorerie a elle aussi été souvent décriée. L’exemple le plus frappant est la décision, prise lors de l’assemblée générale d'avril 2011, de consacrer près de 450 millions d’euros au versement de dividendes et au rachat d'actions. Un choix qui " traduit un manque d'anticipation du retournement du marché qui était alors en train de se produire" explique Sartorius. Et plus gênant, cette décision "a privé le groupe de ressources financières commensurables aux plans d'économie qu'il a dû mettre en place fin 2011 et 2012."

En réponse à ces reproches, les Peugeot avaient précisé que sur les quatre dernières années le groupe n'a versé des dividendes qu'en 2011, à l’occasion de son dernier exercice largement bénéficiaire. La famille avait alors touché 78 millions, "à rapprocher des 133 millions d’euros investis" dans l’augmentation de capital, avait fait remarqué la famille.

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Coralie Cathelinais