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La Fédération française de rugby va-t-elle tuer le Stade de France?

Le Stade de France va accueillir les matchs du XV de France et la finale du Top 14 pendant encore quatre ans.

Le Stade de France va accueillir les matchs du XV de France et la finale du Top 14 pendant encore quatre ans. - -

La nouvelle convention liant le Stade de France et la Fédération française de rugby devrait être signée ce jeudi 19 septembre. Mais l'enceinte parisienne se trouve dans une véritable impasse, car elle finance en fait son futur concurrent. Explications.

Le Stade de France est-il en train de scier la branche sur laquelle il est confortablement assis depuis 15 ans? Après des mois de négociations, une nouvelle convention liant la société gestionnaire à la Fédération française de rugby (FFR) va être signée, ce jeudi 19 septembre. Selon nos informations, les termes de celle-ci devraient être largement revus à l’avantage de la FFR, qui se trouve maintenant en position de force.

Petit rappel historique. En 1995, le gouvernement d'Edouard Balladur, désireux d’assurer une rentabilité à la structure construite en vue de la Coupe du monde 1998, a fait en sorte d’octroyer des conditions ultra avantageuses au Consortium en charge de sa gestion (le CSDF). Celui-ci est composé de Vinci Concessions (à 67%) et Bouygues Construction (33%).

Le projet de stade de la FFR lancé

Jusqu’à maintenant, pour chaque match de rugby joué au Stade de France, la Fédération devait s’acquitter d’un montant d’environ 2,5 millions d’euros. Cette dernière a longtemps cherché à alléger la facture, se faisant opposer une fin de non-recevoir par le CSDF. D’où son ambition de construire son propre stade de plus de 80.000 places en région parisienne.

Mais à l’heure où ladite convention a pris fin, la situation a bien changé. Le rugby s’est développé économiquement, et la FFR a mis sa menace à exécution.

Le projet de stade est bel est bien lancé, avec un site (Evry/Ris-Orangis), un budget (600 millions d’euros) et un "business plan": en mars dernier, la FFR a en effet lancé un grand emprunt obligataire de 150 millions d’euros. 400 millions devraient provenir d’emprunts bancaires, et 50 millions des fonds propres de la Fédération.

Une économie de 40 millions d'euros pour la FFR

Du coup, le Stade de France voit son avenir s’assombrir en même temps que son monopole sur les grands évènements sportifs. Le CSDF tente donc de sauver les meubles, avant que les temps ne se fassent vraiment durs. Plusieurs membres de sa direction ont d'ailleurs fait les frais de la situation et ont été remerciés.

La nouvelle convention signée avec la FFR divise quasiment par deux la facture dont cette dernière devra s’acquitter, puisqu’elle sera équivalente à 1,5 million d’euros par match joué.

Une économie de 40 millions sur quatre ans, soit la durée de la nouvelle convention, qui courra jusqu’à 2017. Exactement ce qu’il manquait à la FFR pour financer son stade, qui devrait justement sortir de terre en 2017, et qui pourrait bien être le fossoyeur du Stade de France.