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Fiat-Chrysler / PSA : vers une nouvelle alliance industrielle?

Fiat-Chrysler s'intéresse à la plate-forme CMP du groupe PSA (base de développement de la Peugeot 208 notamment), et surtout dans sa version a motorisation électrique.

Fiat-Chrysler s'intéresse à la plate-forme CMP du groupe PSA (base de développement de la Peugeot 208 notamment), et surtout dans sa version a motorisation électrique. - Fabrice COFFRINI / AFP

Fiat-Chrysler semble disposé à discuter avec le constructeur français, notamment en vue d'un partage de sa nouvelle plate-forme modulaire.

Elle constitue sans doute un des actifs les plus précieux de PSA en ce moment. Elle, c'est cette plate-forme CMP autour de laquelle pourrait s'organiser une alliance sérieuse entre le constructeur et Fiat-Chrysler. Depuis quelques semaines, les spéculations autour d'une union plus large, capitalistique, entre les deux constructeurs, ont ressurgi. Et cette initiative, en vue d'un partage de la plate-forme, pourrait constituer les premiers pas d'un rapprochement industriel, dans un premier temps.

Fiat-Chrysler est en ce moment en pleine recherche de solutions pour faire baisser les moyennes d'émissions de CO2, pour éviter d'avoir à payer de lourdes amendes dès 2021, quand les prochains critères européens entreront en vigueur (0.95 gramme de CO2 au kilomètre en moyenne). C'est dans cette optique, par exemple, que Fiat-Chrysler a payé plusieurs centaines de millions d'euros pour avoir le droit de comptabiliser dans ses propres ventes des ventes d'automobiles Tesla, zéro émission, pour faire rapidement baisser son bilan carbone général.

La nécessité d'une évolution rapide

Mais le groupe a bien conscience que le respect des critères européens ne sera possible que s'il lance aussi de vraies initiatives industrielles. Et malgré le démarrage progressif de plusieurs produits hybrides rechargeables, et les débuts en 2020 d'une Fiat 500 100% électrique, Fiat-Chrysler a bien conscience que ce ne sera pas suffisant, au vu du retard accumulé en la matière ces dernières années.

Avancer vite et bien industriellement suppose d'avoir une expertise et un outil disponible rapidement. Et si il est clair que Fiat-Chrysler et PSA ont discuté ces derniers mois de différentes solutions de coopérations, un axe industriel semble se dessiner. Mike Manley, patron de FCA, a récemment déclaré qu'il envisageait « absolument » de négocier avec PSA l'utilisation de sa plate-forme CMP, dans sa version à chaîne de traction électrique.

Logique de coopération

Cette plate-forme est sans doute l'outil le plus important pour le développement de PSA dans les années à venir. Inaugurée sur la DS3 Crossback, base de développement de la nouvelle Peugeot 208 et de très nombreux véhicules dans le futur, elle permet de fabriquer aussi bien des voitures compactes que des berlines ou des SUV, le tout avec toutes les motorisations possibles : essence, diesel ou électrique... 

Fiat-Chrysler, en manque d'électrification, pourrait en faire usage pour une évolution accélérée de sa gamme, là aussi avec une plate-forme unique, facile à utiliser, et garantissant une modularité exceptionnelle à moindre coût. D'autant qu'il sera possible aussi de l'utiliser pour concevoir d'autres modèles thermiques, au sein d'une gamme vieillissante qui a besoin d'évoluer. Et Fiat en particulier, a déjà par le passé partagé des solutions techniques communes avec PSA, et encore récemment avec Mazda pour sa Fiat 124 (châssis partagé avec la Mazda MX-5).

Premier pas vers des discussions plus larges ?

Une coopération technique qui pourrait lier les deux groupes de manière sans doute plus sérieuse. D'autant que PSA ne peut se permettre de partager un de ses trésors techniques sans contrepartie. Du côté du Français, même si on ne fait aucun commentaire sur ces déclarations de Fiat-Chrysler, on se dit toutefois « toujours ouverts à différents scénarios de partenariats s'il se présentent ».

Et face aux défis auxquels doit s'attaquer FCA et ses besoins pressants, PSA a donc là toute latitude pour tenter de remettre son concurrent à la table des négociations, en vue d'une alliance peut-être plus large et plus ambitieuse. D'autant que Fiat-Chrysler a de nouveau déclaré ces derniers jours son ambition d'avoir « un rôle actif » dans la consolidation du secteur automobile.