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Fibre optique: l'Arcep tente de calmer le jeu avec Orange

Sébastien Soriano était l'invité de BFM Business

Sébastien Soriano était l'invité de BFM Business - BFM Business

Le régulateur des télécoms a annoncé mardi une série de mesures pour favoriser la concurrence sur la fibre et fait ainsi pression sur le plus grand opérateur télécoms. Invité de BFM Business ce jeudi 12 janvier, son président a précisé que son but est de favoriser l'investissement et non pas de pénaliser Orange.

Habitué à calmer les esprits, l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) les a clairement échaudés mardi. Le gendarme des télécoms a annoncé son intention de durcir les règles dans le marché de la fibre, secteur où Orange est en position dominante.

L'opérateur pourrait être contraint de vendre à ses concurrents les capacités en fibre non utilisées en amont de la connexion aux immeubles. Il pourrait aussi devoir leur ouvrir un accès à ces immeubles "sans barrière de prix à l'entrée", via les infrastructures existantes qu'il a installé à ses frais. En découvrant ces annonces, Orange a fait valoir que son avance sur la fibre est justement dû au fait qu'il a davantage investi que ses concurrents.

"Orange investit beaucoup"

Invité de BFM Business ce jeudi 12 janvier, le président de l'Arcep Sébastien Soriano a voulu apaiser le jeu. "S'il y a un conflit dans les télécoms ce n'est pas entre le régulateur et Orange mais entre les opérateurs. Et le rôle du régulateur est d'être un arbitre équitable. Pour cela, notre boussole c'est l'investissement. Nous voulons booster l'investissement", a-t-il d'abord expliqué.

"Et la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui est simple: Orange investit beaucoup. Mais il nous dit 'Je suis à la limite de ce que je sais faire, j'investis déjà énormément'. Sans sanctionner Orange, il s'agit de trouver des relais, des compléments à [ses] investissements. Ce relais viendra des autres opérateurs", a-t-il développé, précisant qu' "aujourd'hui en France le secteur des télécoms représente 7 à 8 milliards d'euros d'investissements" dont la moitié est porté par d'autres opérateurs pour Orange. "C'est ce qu'il faut pour la fibre optique: partager l'effort d'investissements", a-t-il poursuivi.

La fibre, "une affaire de longue haleine"

Sébastien Soriano assure ainsi que "les autres opérateurs sont à la porte" pour investir sur la fibre mais "font face à des verrous" qui les empêchent de raccorder la fibre aux immeubles. C'est pourquoi l'Arcep entend changer la régulation. "Ce que nous demandons à Orange c'est d'accompagner les autres opérateurs pour aider à raccorder le pied des immeubles", fait-il valoir. "C'est une mesure chirurgicale, millimétrée, sur laquelle on lui demande un effort", a-t-il insisté.

Le président de l'Arcep souligne que cette initiative facilitera la transition de l'ADSL à la fibre. Ce qui signifierait "plus d'abonnés" et permettra "au business plan de la fibre d'être au rendez-vous".

"La fibre est une affaire de longue haleine, un plan qui va s'étaler sur plus 10 ans et qui représente plus de 20 milliards d'euros. Il faut que cet investissement s'accélère et soit plus rentable. Aujourd'hui, à la vitesse de migration des abonnés de l'ADSL vers la fibre, il faudra plus de 20 ans", a insisté Sébastien Soriano. "Nous demandons à Orange d'accompagner les autres opérateurs pour aider à raccorder le pied des immeubles".

J.M.