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Fimalac fait la paix avec les actionnaires minoritaires de Webedia

François Hollande, Marc Ladreit de Lacharrière, Axelle Lemaire et Guillaume Multrier chez Webedia

François Hollande, Marc Ladreit de Lacharrière, Axelle Lemaire et Guillaume Multrier chez Webedia - AFP Philippe Wojazer

Les fonds Ventech et Idinvest, qui étaient rentrés au capital en 2008, viennent de vendre leurs actions, mettant ainsi fin à un conflit avec l'actionnaire principal Fimalac.

Il y a deux mois, les fonds d'investissements Ventech et Idinvest ont vendu leurs actions dans Webedia. Ils étaient rentrés au capital en 2008, dans ce qui n'était alors qu'une petite start-up qui éditait le site PurePeople.

Aujourd'hui, la petite start-up a bien grandi. C'est devenu le 7ème groupe internet français en audience, avec des sites comme Allociné, jeuxvideo.com, 750 grammes, Easy Voyage, Overblog...

Cette sortie met fin à un conflit qui avait éclaté il y a un an, à l'occasion d'une augmentation de capital. Le conflit portait sur la valeur de Webedia. Fimalac, principal actionnaire avec 79% du capital, valorisait Webedia à 440 euros par action, soit une valeur d'entreprise de 693 millions d'euros (dette incluse). Mais cette valorisation a été contestée par quatre actionnaires minoritaires: Ventech (9,7% du capital), Idinvest (3,2%), le fonds Genêts Capital de Laurent Asscher (1,3%), et surtout Guillaume Multrier, co-fondateur et à l'époque co-directeur général (1,1%).

Baisse de valeur de 8% en un an

Ce quarteron de minoritaires rebelles estimaient que Webedia valait 8% de plus, soit 475 euros par action. Ils rappelaient que cette valorisation de 475 euros avait été retenue pour une augmentation de capital à l'automne 2014, et ne comprenaient pas pourquoi la valeur de Webedia baissait en un an, ce qui est rarissime pour une start-up internet. D'autant qu'entre-temps, le chiffre d'affaires avait été multiplié par 2,7, et l'excédent brut d'exploitation par 2,5... Ils accusaient Fimalac de sous-valoriser délibérément Webedia, afin de diluer au maximum les minoritaires lors de l'augmentation de capital à venir.

En face, Fimalac rétorquait que la valorisation de 440 euros par action s'appuyait sur une expertise commandée au cabinet Finexsi et représentait 17,9 fois l'excédent brut d'exploitation de 2015. Quant à la baisse de valeur de Webedia en un an, elle s'expliquait par "le retard d'excédent brut d'exploitation constaté en 2014 et 2015 par rapport au plan d'affaires ambitieux d'août 2014, retard en grande partie lié aux difficultés rencontrées sur jeuxvideo.com".

Offensive tous azimuts

En pratique, les quatre actionnaires ont lancé une offensive tous azimuts. Ils demandaient à la justice d'annuler la délibération du conseil de surveillance approuvant l'augmentation de capital, et d'ajourner l'assemblée générale. Mais ils seront déboutés en référé par le tribunal de commerce (cf. jugement ci-dessous). L'assemblée générale se tient donc, et adopte l'augmentation de capital, malgré le vote négatif des rebelles. Ce qui met fin à la contestation: les quatre minoritaires ne font pas appel, et retirent leur plainte devant le tribunal de commerce.

"Quelques mois après cette ordonnance, les actionnaires minoritaires ont cédé leurs actions Webedia à Fimalac, sur la base d’une valorisation de Webedia de 740 millions d'euros. Cette cession a mis un point final à tout désaccord", indique un porte-parole de Webedia. Cette valorisation de 740 millions d'euros représente quand même quatre fois la valeur sur laquelle Ventech et Idinvest étaient rentrés en 2008...

Sans rancune

De son côté, Alain Caffi, fondateur et associé de Ventech, indique: "Nous avons réglé rapidement ce différend en se rapportant à nos accords, donc business as usual". Sans rancune, il ajoute: "Webedia est un exemple à suivre de développement avec des capitaux risqueurs qui investissent au stade projet papier, passent le relais à un industriel sans perte en ligne, pour in fine créer un leader européen".

Pour sa part, Guillaume Multrier abandonnera son poste de co-directeur général en novembre 2015, et lancera en janvier 2016 une autre société spécialisée dans l'hôtellerie.

Rappelons que Fimalac avait pris 38,8% du capital en 2013 sur une valorisation de 70 millions d'euros, soit 11,6 fois l'excédent brut d'exploitation. Des promesses d'achat et de vente réciproques avaient alors été conclues avec les actionnaires minoritaires. Ces promesses permettaient à Fimalac de racheter la quasi-totalité des minoritaires en trois tranches étalées entre 2016 et 2018.

L'actionnariat de Webedia (fin 2015)

Fimalac: 79,23%
Ventech: 9,66%
Idinvest: 3,24%
Genêts Capital: 1,32%
Guillaume Multrier: 1,1%
Autres (Cédric Siré, Xange...): 5,46%

Jamal Henni et Simon Tenenbaum