Fin de partie pour Logo, symbole du déclin des lunettes "made in France"
Le tribunal de commerce de Lyon prononce la liquidation judiciaire du lunetier qui emploie 180 salariés dans le Jura. Le seul repreneur possible avait retiré son offre la semaine passée.
Un des derniers grands fabricants jurassiens de lunettes disparaît. Placée en redressement judiciaire en mai 2016, Logo a été mis en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, avec effet immédiat.
Un autre lunetier jurassien, Cémo, s'était déclaré intéressé par la reprise de 34 salariés, des brevets et du patrimoine de Logo. Mais il avait conditionné sa reprise au fait que la marque TAG Heuer, filiale du numéro 1 mondial du luxe LVMH, signe un contrat de licence avec son propre partenaire commercial, un acteur important de la distribution de lunettes.
L'unique repreneur a finalement renoncé
TAG Heuer ayant refusé de se plier à cette exigence, Cémo a retiré son offre mercredi 9 novembre. Ce retrait a sonné le glas pour la société, basée dans la vallée de la lunette à Morez (Jura) où elle emploie 172 salariés et environ 250 à l'étranger, notamment en Indonésie, aux États-Unis, en Australie et en Italie.
Le groupe Logo réalisait 40 millions d'euros de chiffre d'affaires grâce aux produits LVMH (97% pour TAG Heuer et 3% pour Fred), son donneur d'ordre quasi-exclusif. Une dépendance qui lui a été fatale lorsqu'en décembre 2015 le leader mondial du luxe lui a annoncé qu'il lui retirait les deux licences.
LVMH se défend d'être responsable de la situation de Logo
Mis en cause par les syndicats et les salariés, LVMH a indiqué à deux reprises que "TAG Heuer n'est aucunement responsable de la situation actuelle de la société Logo mais a, bien au contraire, soutenu, autant qu'il était possible, cette société , qui gérait, il y a encore quelques années, près d'une dizaine de licence".
La fin annoncée de Logo s'ajoute aux fermetures et les délocalisations d'entreprises qui se sont multipliées dans le berceau jurassien de l'industrie de lunetterie "made in France" depuis une vingtaine d'années. Elle subit de plein fouet la concurrence venue de l'Italie et d'Asie, où les coûts de main-d'oeuvre sont moindres. Le nombre d'emplois liés au secteur dans la vallée est ainsi passé de 4.500 emplois dans les années 80 à 1.600 emplois environ en 2016.